Le travail communicationnel de l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire consiste à expliquer de façon pédagogique le processus de contamination, la prise en charge des malades, les gestes barrières et tous les autres aspects liés à la propagation de la pandémie. Par ce que chez nous, beaucoup pensent que le covid19 est une science-fiction. D’où la nécessité de communiquer.
Aujourd’hui, beaucoup se posent des questions comme celles de savoir pourquoi des contacts directs de certains malades sont testés négatifs, ou pour quelles raisons certains contacts ne sont soumis à aucun test de dépistage, sauf après éventuelle manifestation des symptômes de la maladie. Autre question, pourquoi certains malades ne présentent pas de symptômes ?
Plus que jamais, le travail de communication de l’ANSS doit permettre d’effacer le doute chez les Guinéens qui suivent avec inquiétude l’évolution quotidienne des cas positifs dans leur pays. Cela requiert donc un travail sérieux et même scientifique en ce moment de crise sanitaire mondiale.
Il faut d’entrée noter que la communication de crise se fonde essentiellement sur la vérité, l’assurance, et l’approche participative.
En Guinée, malheureusement, on semble fonder sa richesse sur la tombe des autres. C’est pourquoi, dès qu’il y a une crise, des associations fantômes fleurissent de partout et parfois créées par les acteurs mêmes qui gèrent la crise, l’objectif ultime étant de se faire des sous, sans produire de résultat. Le constat s’est fait pendant la gestion d’Ebola, et se fait encore et encore pendant cette crise du Covid19. Plusieurs activités sont menées sur le terrain pour peu de résultats concluants. Cette pratique est à enterrer pour le bien-être de tous.
L’ANSS doit concentrer ses efforts sur la communication pour le changement de comportement. Parler du nombre de malades et de guéris est une bonne chose, mais cela n’aide pas à freiner la chaîne de contamination. Comment faire pour sensibiliser les citoyens et obtenir non seulement un changement de comportement, mais surtout un changement d’opinions. A ce niveau, il faut faire la différence entre le comportement et l’attitude. Le comportement est l’ensemble des actes réels observables posés par l’individu. Par contre, l’attitude est la perception d’un individu à l’égard d’un objet. Ce n’est pas par ce que je suis convaincu que se laver les mains peut me préserver de la maladie que de refuser (attitude) que je vais me mettre à me laver les mains (comportement).
C’est pour dire que nous ne devons pas nous limiter au changement d’attitude mais de comportement.
Il y a lieu de dépasser la communication informative et argumentative pour aller vers la communication pour le changement de comportement. Car, dans cette communication, une place importante est accordée à la cible.
Dans un pays comme la République de Guinée, où il est plus facile de véhiculer les rumeurs, il est indispensable de tenir la population constamment informée, par le biais d’une communication adaptée, pour que le citoyen prenne résolument conscience des problèmes liés à la gestion de la pandémie. Tout en étant informé sur les gestes barrières.
Cette démarche communicationnelle va consister en :
– La prévention : le dialogue communautaire, ouvrir le débat sur les faits basiques du Covid19 et les facteurs qui contribuent à la propagation de la pandémie comme le comportement, les milieux à risque, les pratiques culturelles ;
– La sensibilisation : la communication interpersonnelle ainsi que la mobilisation sociale, l’implication de la société civile apolitique, les activités de proximité ; l’utilisation des réseaux sociaux et la formation des community managers ; l’implication des médias. Les médias dans cette période de crise sanitaire devraient servir de creuset de sensibilisation, mais malheureusement, ils sont beaucoup plus dans les critiques et les dénonciations subjectives qui sont parfois source de polémique.
Il est alors nécessaire :
➢ D’éviter les formes d’intervention contradictoires de l’ANSS autour d’une même question concernant le Covid19 ;
➢ De renforcer le mécanisme de circulation de l’information ;
➢ D’amorcer une dynamique de la communication afin qu’elle prenne de l’ampleur auprès de la population ;
➢ De veiller à une cohérence dans les interventions des principaux acteurs.
En ce moment de crise sanitaire sans précédent, la participation citoyenne de chacun et de tous est vivement souhaitée dans l’éradication du covid19.
Ensemble pour une victoire contre coronavirus.
Laye Mamadi Condé, consultant en communication