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Troubles au Sénégal : Macky Sall appelle au calme, Ousmane Sonko à la mobilisation

Fap gaz

Au Sénégal, un appel « au calme et à la sérénité » a été lancé ce lundi soir par le président Macky Sall. Le chef de l’État s’est exprimé dans un message à la nation, après plusieurs jours de manifestations violentes qui ont fait au moins cinq morts, selon un bilan officiel et huit selon Amnesty International. Des troubles liés à la procédure judiciaire concernant Ousmane Sonko, mis en liberté sous contrôle judiciaire ce lundi et inculpé dans une affaire de viol présumé. L’opposant a lui aussi fait une déclaration en fin de journée, juste avant le chef de l’État, et appelle à la poursuite des mobilisations.

« Taisons nos rancœurs et évitons la logique de l’affrontement qui mène au pire. » Dans son message à la nation, le chef de l’État a plaidé pour « le dialogue et la concertation ». Il souligne que la colère exprimée ces derniers jours est aussi liée à l’impact d’une crise économique aggravée par la pandémie de Covid-19. Macky Sall s’adresse donc à la jeunesse : « Je comprends votre inquiétude, et vos préoccupations » dit-il. Mesure immédiate : le couvre-feu sanitaire en vigueur dans les régions de Dakar et Thiès est allégé, de minuit à 5 heures du matin. Sur l’aspect judiciaire de la crise, Macky Sall appelle à laisser « la justice suivre son cours en toute indépendance ».

Sonko demande à Macky Sall de ne pas se représenter en 2024

Juste avant la déclaration du président, dans la foulée de sa libération sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko a fait aussi une déclaration au siège de son parti, le Pastef.

« Nous avons une jeunesse formidable », dit Ousmane Sonko qui a rendu hommage aux victimes des violences de ces derniers jours, avant d’attaquer le président Macky Sall qu’il accuse d’être « responsable des évènements de ces derniers jours », d’avoir « trahi le peuple sénégalais » de « persécuter les opposants » ou encore d’avoir « imposé le rapport de force ».

Ousmane Sonko a aussi formulé des exigences : la libération immédiate et sans conditions des « prisonniers politiques » ou encore l’ouverture d’une enquête indépendante sur les bavures lors des manifestations. Il demande également au chef de l’État de déclarer publiquement et sans ambiguité qu’il ne sera pas candidat à prochaine présidentielle de de 2024.

« La mobilisation va continuer », dit-il « avec des manifestations pacifiques », avant d’ajouter que « la peur doit changer de camp ».

Liberté sous contrôle

Plus tôt dans la journée, et après l’annonce de la décision du juge d’instruction, une foule de manifestants s’est rassemblée à Dakar. Ousmane Sonko a quitté le tribunal à la mi-journée très discrètement, à l’abri des regards. Il est donc libre de ses mouvements mais il reste à la disposition de la justice. Il devra se présenter, chaque dernier vendredi du mois devant le juge. Il ne pourra pas voyager sans son autorisation. Il devra répondre aux convocations du juge et des enquêteurs et il a l’obligation de ne pas parler publiquement du dossier judiciaire, celui de viol présumé.

La liberté sous contrôle judiciaire donc et pas le mandat de dépôt, une décision qui va dans le sens de la décrispation, selon la défense d’Ousmane Sonko, même si ses avocats continuent de dénoncer un « complot politique » contre l’opposant.

Au-delà de l’affaire Sonko…

Une foule s’était rassemblée devant le domicile d’Ousmane Sonko. Papa Ismaila Mané, étudiant, est venu dans l’espoir d’apercevoir l’opposant politique.

« Ils nous ont dit qu’ils ont libéré Sonko sous contrôle judiciaire. Nous, on ne veut pas ça. Nous, on veut qu’on le libère totalement et qu’il prépare sa campagne [présidentielle] de 2024 ».

Les forces de police n’avaient pas bouclé le quartier du président du Pastef en début d’après-midi. Sur un grand drap blanc était écrit « Macky Sall démissionne ».

Pour Djibi Pierre Diakité, manifestant, cette mobilisation va au-delà de l’affaire impliquant Ousmane Sonko : « Je suis là justement pour demander plus de liberté, plus de démocratie. Les jeunes que vous voyez ici ne demandent rien de plus, rien de moins que de manger à leur faim, se soigner. Nous avons fait des formations professionnelles mais on ne trouve pas toujours du travail. »

Drapeau sénégalais à bout de bras, des milliers de sympathisants se sont ensuite retrouvés sur la place de la nation. Aminata Tall est venue avec sa soeur. Elle se dit prête à continuer la mobilisation : « Ce qu’on a besoin, c’est que Sonko soit levé de toutes charges et que les prisonniers soient libérés. C’est ça qui calmera. »

En fin de journée, la foule a été dispersée par les forces de l’ordre à coup de gaz lacrymogène et de grenades assourdissantes.

Des manifestations ont également été organisées dans les régions, notamment à Saint-Louis, Ziguinchor et Kolda. La Croix-Rouge sénégalaise, dans un communiqué, indique avoir porté secours à 590 blessés depuis le début des manifestations, mercredi dernier, dans la région de Dakar, à Touba, dans le département de Mbacké et Bignona, en Casamance.

Source RFI

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