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Idriss Deby : un autocrate célébré en héros par le pouvoir de Conakry (Par Diabaty Doré)

Fap gaz

Décidément, la gouvernance actuelle n’arrêtera pas d’étonner les Guinéens. Un deuil national de 24 heures à la mémoire de celui dont la réputation de dictateur le précède est décrété en Guinée.  Le ridicule ne tue pas, heureusement. Mais, le dicton n’a pas tort non plus : « les oiseaux de même espèce volent ensemble ».

Nul besoin de présenter ici la situation des droits humains sous le règne du tyran de N’Djamena. Les réalités de ce côté crèvent les yeux. Le tableau est sombre et c’est le moins qu’on puisse dire.

Opposants embastillés, s’ils ne sont pas liquidés, journalistes incarcérés s’ils ne disparaissent pas mystérieusement, activistes des droits humains traqués et trucidés sans aucune once de pitié ou de honte.

Sous le règne du maréchal autoproclamé, le Tchad et l’Afrique auront tout vu. Pour conserver un pouvoir passager, il s’est rendu coupable de pires abominations. L’un des cas les plus récents et les plus inhumains reste celui de l’opposant Yaya Diallo Djérou. Le seul crime du leader du Parti Socialiste Sans Frontières (PSF) aura été de formuler des critiques contre la gouvernance de son pays et surtout contre le sixième mandat de celui qui se croit homme fort du pays.

La réponse en février dernier ne s’est pas fait attendre. Le domicile de l’opposant connaîtra une descente barbare d’hommes en uniforme. Le bilan est triste: cinq (5) vies innocentes dont celle de sa pauvre maman de 80 ans et deux des fils de l’opposant. Ce fut une véritable boucherie. La scène de crime a été d’une barbarie incommensurable et traumatise encore les esprits au Tchad. Combien aujourd’hui il y a d’opposants à la maison d’arrêt de N’Djamena ?

Combien il y a de journalistes en prison à l’image d’Éric Topona, Secrétaire Général de l’Union des Journalistes Tchadiens? Combien de députés, de religieux, d’officiers de l’armée, d’activistes des droits de l’homme ? Moussa Tao Mohamat, Routouang Yoma (élu du peuple), Gali  N’Gothé Gata, Mahamat Nour (célèbre défenseur des droits de l’homme) sont entre autres quelques figures qui croupissent dans les geôles de l’autocrate de N’Djamena.

Sous Idriss Deby les prisons n’ont pas chômé. Cerise sur le gâteau, tous ses crimes sont passés au nez et à la barbe de la  »Communauté Internationale », qui a préféré rester de marbre.

Outre sa réputation de tyran et de sanguinaire, Idriss Deby Itno a consolidé son pouvoir au prix d’un clientélisme inouï, doublé de corruption, d’achat des consciences et d’une dilapidation généralisée des ressources Tchadiennes. Résultat: la population végète dans la misère avec un revenu de moins d’un dollar par tête d’habitants. Le pays légué par le narcissique Maréchal est classé 187ème sur 189 dans le rapport 2020 du PNUD sur l’Indice de Développement Humain (IDH). Sous son règne, l’argent du pétrole et de l’uranium n’aura servi qu’à l’entretien du petit clan qui gravite autour du palais. C’est une honte pour tout homme, tout panafricain digne de ce nom, de faire passer ce mégalomane pour un héros national. Hitler, Franco, Salazar et Mussolini étaient des sanguinaires très amis entre eux. J’aurais compris qu’ils se traitent avec autant d’égards et d’empathie car dans leur pays respectifs, chacun avait malgré tout posé des actes en termes de développement. Mais les dictateurs africains sont unis dans la médiocrité et le mal. Ça fait honte. 24h de deuil national est une décision qui déshonore la Guinée et la communauté des démocrates. Nos icônes nationales (non des moindres) ont passé l’arme à gauche dans l’anonymat absolu. Parfois aucune compassion de l’État, aucune reconnaissance vis-à-vis d’elles alors qu’elles (ces icônes) ont donné, pour certains, de leur vie pour la Guinée.

Au nom de quel principe doit-on décréter un deuil national pour un certain Deby Idriss ? Qu’a-t-il laissé aux Tchadiens d’abord si ce n’est le chaos et la misère ? Qu’a-t-il apporté à la Guinée que feu Jeanne Macaulay n’aura par exemple pas apporté ? Soyons sérieux et, de grâce, comportons-nous en Homme d’État.

Diabaty Doré, président du RPR

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