
Le réseau Internet du pays a été coupé, tandis que des manifestants se rassemblaient dans les rues de Khartoum pour protester contre les arrestations.
Des « forces armées » détiennent le premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, arrêté après avoir refusé de soutenir un « coup d’Etat », a annoncé, lundi 25 octobre, le ministère de l’information dans un communiqué publié sur Facebook. M. Hamdok a été « emmené vers un lieu non identifié », ajoute le ministère. « Nous appelons la population soudanaise à protester par tous les moyens pacifiques possibles », a exhorté le bureau du premier ministre.
En début de matinée, le ministère de l’information avait annoncé, également dans un communiqué, que la plupart des ministres et les membres civils du conseil de souveraineté, qui chapeaute la transition au Soudan, avaient été arrêtés.Par ailleurs, des soldats ont pris d’assaut le siège de la radio-télévision d’Etat à Omdourman – ville jumelle de la capitale, Khartoum, dont elle est seulement séparée par un pont sur le Nil –, a encore affirmé le ministère, qui ajoute que « des employés sont retenus ». Le général Abdel Fattah Al-Bourhane, à la tête de la transition soudanaise, doit prendre la parole dans les prochaines heures.
Réactions inquiètes dans la communauté internationale
Les Etats-Unis se sont dits « profondément inquiets », prévenant que « tout changement du gouvernement de transition mettait en danger l’aide américaine ». La Ligue arabe a elle aussi fait part de sa « profonde préoccupation » et appelé « toutes les parties à respecter » l’accord de partage du pouvoir de transition établi en 2019 entre les militaires et une coalition de partis civils, après trente ans de dictature d’Omar Al-Bachir.
De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé, sur Twitter, la communauté internationale « à remettre la transition soudanaise sur les rails ».
Ces troubles politiques se déroulent sur fond de crise économique sans fin. Le pays fait face à une dette colossale, tandis que le quotidien des Soudanais est rythmé par une inflation galopante et des pénuries de gaz, d’électricité et de carburant. Une situation aggravée depuis la mi-septembre, alors que des manifestants de la tribu des Bedja orchestrent des blocages à répétition à Port-Soudan (est), le principal port du pays.
AFP