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L’opposition inflige un lourd revers à Recep Tayyip Erdogan lors des municipales en Turquie

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Quelque 61 millions de Turcs étaient appelés, dimanche, aux urnes pour des élections municipales, dont les résultats quasi définitifs dessinent une sévère défaite pour le parti du président Erdogan. Les maires CHP sortants d’Istanbul et d’Ankara ont revendiqué leur victoire.

Déconvenue pour le président turc Recep Tayyip Erdogan… Il a concédé, dimanche 31 mars, la victoire historique de l’opposition aux élections municipales, qui constituent selon lui un « tournant » pour son camp, au pouvoir depuis 2002.

Le dépouillement de près de 99 % des urnes à l’échelle nationale confirme que l’opposition turque a infligé au parti AKP (islamo-conservateur) du chef de l’État sa pire débâcle électorale en deux décennies.

Le principal parti de l’opposition, le CHP (social-démocrate), a revendiqué sa victoire à Istanbul et Ankara, les deux plus grandes villes de Turquie et raflé de nombreuses autres, comme Bursa, grosse ville industrielle du nord-ouest acquise à l’AKP depuis 2004.

La proclamation des résultats définitifs par la Haute commission électorale (YSK) attendue dans la journée de lundi confirmera ces résultats, déjà intégrés par les principaux intéressés, dont le chef de l’État.

Depuis le siège de son parti à Ankara et devant une foule abattue, inhabituellement silencieuse, le président turc a promis de « respecter la décision de la Nation ».

Peu auparavant, le maire sortant d’IstanbulEkrem Imamoglu, a annoncé sa réélection à la tête de la plus grande ville de Turquie, qu’il avait conquise en 2019. « Nous sommes en première position avec une avance de plus d’un million de voix (…) Nous avons gagné l’élection », a-t-il déclaré devant la presse au soir des élections municipales, précisant que ces résultats portaient sur 96 % des urnes.

Ses partisans, hilares, étaient déjà massés devant le siège de la municipalité, noyés sous une déferlante de drapeaux rouges turcs.

À Ankara, le maire CHP Mansur Yavas a revendiqué sans attendre la victoire alors que le dépouillement était toujours en cours. « Ceux qui ont été ignorés ont envoyé un message clair à ceux qui dirigent ce pays », a-t-il lancé devant une foule en liesse.

Une percée en Anatolie

« Les électeurs ont choisi de changer le visage de la Turquie« , a estimé le chef du CHP, Ozgur Ozel.

Outre Izmir (ouest), troisième ville du pays et fief du CHP, et Antalya (sud) où les partisans de l’opposition commençaient à célébrer la victoire dans les rues, la principale formation de l’opposition est en voie de faire une percée spectaculaire en Anatolie.

Elle fait la course en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l’AKP, selon des résultats quasi définitifs qui ont pris de court les observateurs.

Elle fait la course en tête dans des chefs-lieux de provinces longtemps tenus par l’AKP, selon des résultats quasi définitifs qui ont pris de court les observateurs.

Le président Erdogan, âgé de 70 ans, dont 21 au pouvoir, avait jeté tout son poids dans la campagne, en particulier à Istanbul, le « joyau » du pays, sa capitale économique et culturelle dont il fut le maire dans les années 1990 et qui a basculé dans l’opposition en 2019.

Mais l’engagement du chef de l’État, qui a annoncé début mars que ces élections étaient « ses dernières », n’a pas suffi.

Mais l’engagement du chef de l’État, qui a annoncé début mars que ces élections étaient « ses dernières », n’a pas suffi.

« Il y a un besoin d’équilibre au moins au niveau local contre le gouvernement », affirmait dimanche matin à l’AFP Serhan Solak, 56 ans, un habitant d’Ankara venu voter pour Mansur Yavas, le maire sortant du CHP.

Les candidats de l’AKP se sont toutefois maintenus en tête dans plusieurs grandes villes d’Anatolie (Konya, Kayseri, Erzurum) et de la mer Noire (Rize, Trabzon), bastions du président Erdogan, tandis que le parti pro-kurde DEM s’assurait une confortable avance dans plusieurs grandes villes du sud-est à majorité kurde, dont Diyarbakir, la capitale informelle des Kurdes de Turquie.

Le match de la prochaine présidentielle pourrait se jouer entre les deux hommes, qui partagent des origines communes de la mer Noire et une même passion pour le ballon rond.

Âgé de 70 ans, le chef de l’État a toutefois affirmé début mars que ces élections seraient les « dernières » sous son pouvoir, laissant entendre qu’il partira en 2028. À moins de réviser la Constitution pour s’offrir une nouvelle candidature.

Avec AFP

 

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