Organisation des élections, crise junte-forces vives, déficit de dialogue : le premier ministre Bah Oury se lâche…
Lors de sa conférence de presse tenue ce vendredi 10 mai 2024, à la palge Camayenne, le premier ministre s’est largement prononcé sur la transition guinéenne notamment la question de l’organisation des élections générales censée mettre fin à la transition amorcée le 5 septembre 2021 en Guinée.
Répondant à cette préoccupation, Bah Oury a affirmé que l’objectif n’est pas seulement d’organiser les élections de manière bâclée mais plutôt jetter les jalons solides d’un développement harmonieux du pays dans la paix et l’unité.
« Nous avons connu des transitions par le passé, nous avons tiré des leçons d’expériences qui, dans une large mesure, se sont avérées inachevées. Parce qu’après, nous nous sommes retrouvés dans des situations encore beaucoup plus calamiteuses que par le passé (…). Certains ont estimé que l’objectif de la transition, c’est simplement organiser les élections et puis laisser le fauteuil pour d’autres viennent s’asseoir. Ceci a été fait par le passé et nous avons vu les dégâts que ça a coûté à la nation et le retard accumulé, tout simplement parce qu’on a voulu aller vite sans consolider les bases pour organiser des élections. La Guinée est impactée par ce lourd passif qui a fait que nous avons perdu plus d’une décennie. Donc, la raison actuelle, c’est de faire en sorte que la Guinée ait les bases de faire le saut de grenouille pour qu’institutionnellement, aujourd’hui, demain et après-demain, après cette transition, que la Guinée puisse faire le bond qualitatif, lui permettant de rattraper son retard dans les domaines les plus variés. Tant sur le plan économique, tant sur le plan social que sur le plan purement humain, dans la consolidation de l’unité du pays, dans le retour à une confiance des Guinéens en nos institutions, c’est cela l’ambition », a déclaré Bah Oury.
Poursuivant, le premier ministre s’est également prononcé sur la crise entre la junte militaire au pouvoir et les forces vives qui accusent les militaires avec leur tête le Général Mamadi Doumbouya, de confisquer le pouvoir et de ne pas respecter les engagements pris le 5 septembre 2021.
« Ce qui est en train d’être fait, c’est de préparer la Guinée pour les prochaines 60 années à venir. Et nous espérons, nous souhaitons et nous travaillons pour que les 60 prochaines années de la Guinée soient des années vertueuses, de décollage économique qui, j’espère bien, commencent d’ores et déjà à montrer des indices (…) . Lorsque vous êtes à la tête d’un pays, vos intentions, vos sentiments personnels et votre intime conviction c’est de respecter les engagements que vous donnez et c’est le cas du Général Mamadi Doumbouya. Mais lorsqu’on voit ce que la Guinée a connu depuis le 5 septembre 2021 et jusqu’à une période récente, il y a beaucoup des facteurs qui ne sont pas entre les mains de ceux qui pilotent l’exécutif du pays. Donc la question de la transition, il ne faut pas la voir comme si le gouvernement est seul à décider et à faire les choses. C’est un partenariat global qui implique aussi bien la société politique, la société civile et les conditions économiques et financières du pays », a indiqué Bah Oury.
Par ailleurs, le premier ministre a rappelé que le dialogue politique initié n’a pas permis de faciliter les choses pour établir un climat de confiance entre le CNRD et les acteurs sociopolitiques. Mais assure-t-il, les responsabilités de cet échec sont partagées :
« La responsabilité de cela peut être partagée. Il y a eu beaucoup d’actions néfastes qui ont contribué à ralentir le processus et la dynamique qui était engagée. Le fait de dépeindre en noir tout ce qui se fait dans ce pays, de ne rien voir de ce qui est en train d’être fait, est une attitude antipatriotique qui ne doit pas correspondre à ce qu’un citoyen responsable de la république de Guinée et à plus forte raison des hommes et des femmes qui ont été à un moment donné responsables et qui ont parlé au nom du peuple de Guinée, ne devraient pas agir de cette manière. leur responsabilité devrait les amener à dire ‘’encourageons-les à aller le plus rapidement possible pour la mise en œuvre de l’ensemble du processus qui est déjà contracté entre la Guinée et la CEDEAO et non pas de manière rituelle de venir avec des manifestations, des bashing au niveau de l’ensemble des représentations diplomatiques à l’étranger, de mener des campagnes de presse qui d’une manière ou d’une autre nous honorent nullement », a martelé Bah Oury.
A en croire le premier ministre, le Chef de l’Etat, Mamadi Doumbouya est dans la dynamique du respect des engagements pris devant le peuple de Guinée et la communauté internationale concernant le transfert du pouvoir aux civils au terme de la transition censée prendre fin en décembre 2024.
Bhoye Diallo