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Sénégal : Un an après l’élection de Bassirou Diomaye Faye, quel bilan économique ?

Fap gaz

Ce lundi 24 mars 2025, marque l’un an du Président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye au pouvoir, sorti vainqueur de l’élection présidentielle sous la tunique du Pastef avec 54,28% des suffrages, loin devant le candidat du pouvoir, Amadou Ba (35,79 %).

Un an après sa large victoire, la gouvernance de Bassirou Diomaye Faye est passée au crible et son gouvernement dirigé par le Premier ministre, Ousmane Sonko est à l’heure du bilan de la gestion du pouvoir.

Sur le plan économique le bilan est loin d’être reluisant malgré les efforts fournis pour lutter contre le chômage, la corruption, assainir les finances publiques etc…

Des indicateurs économiques « dans le rouge »

Candidat antisystème, populiste selon ses détracteurs, l’ancien inspecteur des impôts a également été élu sur la promesse d’une gestion plus transparente et vertueuse des finances publiques. Le nouveau pouvoir a ainsi lancé une soixantaine d’audits sur des secteurs clés comme les ressources minières, les infrastructures ou encore le bâtiment.

Sur le dossier de la pêche, très sensible au Sénégal, le gouvernement n’a pas reconduit l’accord signé avec l’UE au nom de la défense des pêcheurs traditionnels. Les autorités ont également commencé à s’attaquer à la problématique des chalutiers étrangers qui opèrent sous pavillon sénégalais et menacent, selon Dakar, les ressources halieutiques du pays.

« La question de la transparence a vraiment été un marqueur fort de ces premiers mois. Le président de la République a notamment décidé de rendre public son patrimoine. On peut aussi citer la mise en place d’un parquet financier pour traiter les cas de mauvaise gouvernance », explique Babacar Ndiaye.

Installé en septembre 2024, le Pool judiciaire financier (PJF) a indiqué en janvier avoir déjà traité 91 dossiers et permis la saisie de plus de 2,5 milliards de francs CFA (environ 3,8 millions d’euros) dans des affaires de corruption et de blanchiment de capitaux.

Sur le front de la modernisation de l’État, le nouvel exécutif a lancé fin février un vaste plan de transformation numérique. Objectif : atteindre 90 % de dématérialisation de l’administration et des services publics d’ici 2034. De grandes transformations nécessaires mais qui restent bien éloignées des préoccupations urgentes d’une large partie de la population confrontée à la vie chère et à un chômage dépassant les 20 %.

« Chaque année, nous avons 200 000 jeunes qui arrivent sur le marché de l’emploi. C’est une urgence à prendre en compte mais il faut aussi se projeter dans l’avenir car l’industrialisation et la question de l’emploi de masse ne se fait pas du jour au lendemain », souligne Babacar Ndiaye.

« Alors que les jeunes ont contribué à la victoire pleine et totale du Pastef, ils ne voient pas encore venir les dividendes de l’alternance. Tous les indicateurs sont actuellement dans le rouge et le Sénégal n’a jamais été aussi mal. Même si cela ne tient pas seulement à l’action de ceux qui sont à la tête de l’État, le gouvernement a tardé à dévoiler ses orientations en matière économique », estime Francis Kpatindé, qui met en cause une certaine forme d’amateurisme.

« Cela tient notamment au fait qu’une grande partie du gouvernement manque d’expérience. Il y a eu une forme de purge qui ne dit pas son nom dans l’administration et certains bons fonctionnaires ont été remplacés par des partisans du Pastef », affirme le journaliste pour expliquer ce retard à l’allumage.

L’annonce par le gouvernement, en juin dernier, de la baisse des prix des denrées alimentaires comme le riz, l’huile, le sucre et le pain a certes offert une bouffée d’oxygène bienvenue à de nombreux Sénégalaises et Sénégalais mais ces efforts restent insuffisants dans le contexte actuel.

Alerte sur la dette

Si la victoire écrasante du Pastef lors des législatives de novembre devait offrir au nouveau pouvoir une confortable marge de manœuvre pour « trouver des solutions contre la vie chère », l’état des finances publiques hérité de la précédente administration semble avoir changé la donne.

Selon un rapport de la Cour des comptes rendu public le 12 février, la dette sénégalaise représentait près de 100 % du PIB fin 2023 et le déficit budgétaire 12,3 %. Des chiffres bien plus élevés que ceux présentés par les anciennes autorités. Une falsification des comptes, selon le nouvel exécutif, qui dénonce les « mensonges » de Macky Sall et a promis de convoquer l’ancien chef de l’État devant la justice. Ce dernier a dénoncé un « procédé politique » et une forme de chasse aux sorcières.

Avides de liquidités, les autorités à Dakar attendent désormais les conclusions du FMI après ces révélations sur l’état réel des finances publiques. L’institution a décidé de suspendre son précédent programme signé en juin 2023, d’un montant total d’1,8 milliard de dollars. En attendant, Dakar se retrouve piégé dans un cercle vicieux et doit emprunter auprès de créanciers privés à des taux bien plus élevés, aggravant la situation budgétaire.

Le Sénégal subit également les conséquences du gel des aides de l’USAID décidé par le président américain Donald Trump. Une suspension qui conduit à bloquer un programme d’électrification à plus de 500 millions de dollars en milieu rural.

Pour remédier à la situation, le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment annoncé une série de mesures de rationalisation des dépenses publiques, dont la diminution du train de vie de l’État et un audit de l' »effectif réel » de la fonction publique. Une « violente politique d’austérité », a estimé l’Alliance pour la République (APR), le parti fondé par Macky Sall.

Face à l’impatience des syndicats sur les dossiers de revalorisation salariale ou de la lutte contre les licenciements abusifs, l’exécutif reconnaît son impuissance. « Même si on avait trouvé le pays dans une situation stable, on n’aurait pas pu satisfaire toutes vos revendications, encore moins dans la situation actuelle », a expliqué Ousmane Sonko lors d’une rencontre à Dakar avec les représentants de différents syndicats, comme ceux de la santé, de l’éducation et des collectivités territoriales.

Avec AFP

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