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Bann grenier

L’UFDG à la croisée des chemins : implosion programmée ou sursaut salvateur ? (Par Caleb Kolié)

Fap gaz

Je ne voulais pas écrire. Je me disais que cette crise au sein de l’UFDG n’était qu’un épisode de plus dans le feuilleton politique guinéen. Mais en voyant les exclusions à répétition, les règlements de comptes stériles et les prises de position contradictoires, je n’ai pas pu rester silencieux. Pas quand je me souviens de ce que représentait ce parti à l’époque où « Société Débat » faisait encore vibrer les consciences.

Ce qui se passe aujourd’hui au sein de l’UFDG n’est pas simplement une crise interne de plus. C’est le symptôme d’un mal plus profond qui ronge l’opposition guinéenne dans son ensemble : l’absence de conviction, le règne de l’opportunisme, et une incapacité chronique à penser au-delà des calculs égoïstes.

Les divisions actuelles ne sont pas le fruit du hasard. Elles révèlent une tendance lourde : la transformation d’un parti autrefois porteur d’espoir en une machine à ambitions personnelles, où l’appât du gain et les luttes d’influence prennent le pas sur l’intérêt collectif. Quand les cadres préfèrent monnayer leur silence ou leur allégeance plutôt que de défendre une ligne politique claire, c’est tout l’édifice qui menace de s’écrouler.

La question du leadership est encore plus criante. Un vrai leader, dans un contexte de répression, ne se contente pas de lancer des appels depuis l’étranger. Il résiste par sa présence, même symbolique. Il assume les risques que suppose la lutte politique. Parce qu’un mouvement qui perd son chef de vue finit par perdre aussi sa crédibilité.

L’exil, aussi justifié soit-il par des raisons de sécurité, laisse un vide que le pouvoir en place ne manquera pas d’exploiter. Où sont les Mandela, les Sankara, ces hommes qui ont su tenir debout malgré la prison, les menaces et l’adversité ?

Les militants, eux, font ce qu’ils peuvent. Ils manifestent, résistent, paient parfois le prix fort. Mais sans direction solide, sans stratégie à long terme, leur sacrifice risque d’être vain. On ne bâtit pas une alternative crédible avec des slogans usés et des responsables invisibles.

Faut-il alors voir dans cette déliquescence l’amorce d’un renouvellement nécessaire ? Peut-être. Mais gare aux illusions. Regardez autour : la nouvelle génération, souvent présentée comme salvatrice, reproduit les mêmes travers que l’ancienne. Corruption, arrivisme, manque de vision… Les jeunes ne sont pas forcément meilleurs, ils sont juste plus impatients.

L’UFDG a aujourd’hui deux options : soit elle se ressaisit, recentre son projet sur des idées plutôt que sur des hommes, et retrouve une légitimité populaire ; soit elle continue à se déliter, ouvrant la voie à son propre effacement.

Dans les deux cas, une chose est sûre : la Guinée a besoin d’une opposition forte, unie et crédible. Pas d’une coquille vide livrée aux appétits individuels. Le temps des choix est venu.

“Les ambitions ne doivent en aucun cas tuer le combat”.

Caleb Kolié

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