L’Insee, l’Institut national de la statistique et des études économiques, a livré ses premières évaluations. L’activité de la France, confinée depuis 10 jours, s’est réduite d’environ un tiers.
L’Insee a comparé l’estimation de l’activité de cette semaine de confinement à celle d’une semaine normale. En ce moment, la baisse serait donc de 35 %.
Comme un reflet de cette perte d’activité, la consommation des ménages français s’est effondrée d’autant. Principale victime de cette moindre consommation des Français, l’industrie manufacturière avec -60%. Et toutes les filières ne sont pas logées à la même enseigne. Plus d’achat ou presque de véhicules et d’articles d’habillement pendant que le secteur pharmaceutique tire son épingle du jeu.
Participent également à cette chute, les services marchands. Or, ce sont eux qui composent la plus grande part du Produit intérieur brut (PIB) français. Dans l’ensemble, leur ralentissement se situe dans la lignée de la moyenne globale. Mais si l’on exclut les loyers, la chute atteint 55%. Pour entrer dans le détail, les Français continuent à payer télécommunication et assurances, mais ne peuvent plus aller au restaurant ou autre lieu de loisir.
L’activité dans la construction, liée à la consommation des ménages ou pas, baisserait de près de 90%. Une estimation à prendre avec précaution, le gouvernement et les organisations du BTP ayant trouvé un terrain d’entente pour la poursuite des chantiers.
Trois points de PIB par mois de confinement
Tout cela amène l’Insee à évaluer le coût d’un mois de confinement à 3 points de PIB annuel. Deux mois de confinement entraîneraient une chute proportionnelle soit de 6 points de PIB.
L’indicateur du climat des affaires, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité marchande, chute lui aussi lourdement : -10 points. Il s’agit du plus fort recul mensuel depuis le lancement de cet indicateur en 1980, même en octobre 2008 après la faillite de la Lehman Brothers, la chute de moral des entrepreneurs avait été un peu moins marquée (-9 points). Et encore, ces chiffres ne sont peut-être pas complètement fidèles à la réalité de ce 26 mars. Les résultats de l’enquête d’opinion ont en majorité été collectés avant la mise en confinement de la France, et reflète donc surtout le climat des affaires de la première quinzaine de mars.
Tous ces chiffres, toutes ces estimations sont à manier avec prudence. Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Insee a d’ailleurs hésité avant de publier cette évaluation. Dans son introduction, il met en garde : « C’est peu de dire que ce que nous présentons aujourd’hui est fragile, susceptible d’être révisé » écrit-il. Et d’expliquer : « D’abord parce que nos méthodes dans une telle situation ne sont pas éprouvées : c’est inédit dans l’histoire de l’Insee. C’est fragile aussi, parce que la situation elle-même est très évolutive. »
L’impact final sur le PIB dépendra par exemple du scénario de la reprise d’activité après la crise sanitaire.
Source RFI.