Situé à une trentaine de kilomètre de la ville de Kankan, le camp de Soronkoni, est devenu de nos jours, le lieu où les conditions de détention restent précaires selon un jeune rescapé enlevé le 13 février à Kaloum et transféré le lendemain en compagnie d’une quarantaine de jeunes vers le camp Soronkoni. Au sein du camp, croupissent encore de nombreuses personnes pour la plupart arrêtées lors de manifestations politiques.
Des conditions de détentions au sein du camp Soronkoni ?
Elles sont précaires, dégradantes et inhumaines raconte ce jeune rescapé qui a préféré témoigner sous anonymat : « On était enfermés dans des cellules où il faut très chaud et en surnombre. Pas de communication avec l’extérieur, vous êtes privés de liberté et de mouvement. Le manger n’est pas bon, du pain simple, un café avec beaucoup de sucre et du sacaraba (ndlr une sorte de riz consommé par les militaires dans les camps…) ; voilà ce qu’on mangeait depuis plus d’un mois. Il n’y a pas d’eau. » a-t-il relaté.
De quoi reproche-t-on aux détenus ?
Selon ce rescapé, on leur reprochait les faits suivants : « Participation à une manifestation politique, attroupement illégal, instigation à la révolte, mercenaires pour déstabiliser le pays, auteurs de barricades et déversements d’huile sur la chaussée. C’est ce qu’on nous dit une fois la bas » a-t-il raconté.
Et de poursuivre : « Moi je suis conducteur de taxi. Je ne participais à une aucune manifestation. Les agents du BATA (bataillon spécial aéroporté, un corps d’élite de l’armée), m’ont arrêté en ville alors que je faisais du taxi de moto. On était environ une quarantaine de jeunes à être arrêtés et déportés au camp Mokambo puis auditionnés à la DPJ. C’est de là, on nous a transféré à Kankan nuitamment vers 22heures dans des pick-up ».
Des organisations de défense des droits de l’hommes montent au créneau ?
L’organisation de défense des droits humains ‘’ la démocratie sans violence’’, condamne les pratiques de torture dans le camp et réclame l’ouverture d’une enquête, c’est du moins le vœu ardent de Mamadou Kaly Diallo ; membre de l’ONG : « Ce qui se passe au sein de ce camp est une violation des droits humains. Les gens sont arbitrairement et injustement arrêtés et transférés là-bas, sans l’assistance d’un avocat. C’est des pratiques de tortures et de privation de liberté, qu’il faille condamner avec la dernière énergie et réclamer une commission d’enquête impartiale pour le cas soronkoni ».
Le camp de Soronkoni reste aujourd’hui un mystère pour les uns et un véritable enfer pour d’autres. La plupart des détenus qui y sont passés, évoquent des conditions de vie dégradantes et inhumaines. Mieux, des soldats dont nous nous abstenons de citer les noms, seraient détenus dans des conditions précaires et attendent leur procès.
Une enquête de Mamadou Bhoye Diallo