Je ne suis pas surpris, je ne suis pas non plus étonné parce qu’en réalité quand on sait lire la situation sociale et politique de la Guinée avec objectivité et les événements qui se sont enchaînés ces deux dernières années, on sait bel et bien que la finalité c’est de permettre un nouveau mandat pour le président Alpha Condé, mais le choix de l’homme dépend des rapports de forces et surtout de la volonté du peuple.
Il faut que cette volonté du peuple s’exerce dans la sérénité, dans la responsabilité, et sans aucune forme de brimade ni de répression.
La deuxième chose que je retiens Alpha Condé candidat à sa propre succession dépend de trois choses fondamentales :
Premièrement, de la loi : est-ce que la constitution en vigueur garantie-t-elle un nouveau mandat pour le président Alpha Condé, je dirais oui et non, parce que si le mandat que le président Alpha Condé exerce c’était un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, jusqu’à la fin de ce mandat c’est les deux mandats qui s’appliquent. Oui parce qu’il y a des juristes qui utilisent le principe de non rétroactivité de la loi, la plupart de ceux qui ont eu des mandats de trop ont utilisé pour contourner l’intangibilité constitutionnelle mais en réalité, il revient à la cour constitutionnelle qui doit statuer au nom du peuple de Guinée, de pouvoir valider ou invalider la candidature du président Alpha Condé, et ils doivent le faire conformément à leurs âmes et consciences. Et ils doivent écrire les pages de leurs propres histoires.
Le deuxième point c’est, du point de vue politique, pour être investi candidat, il faut que des guinéens te soutiennent à travers un parti politique ou une coalition de partis politiques, mais ceux qui sont du RPG et alliés sont des guinéens, donc ils doivent exercer une partie de la souveraineté du peuple de Guinée. Alors est-ce-qu’ils ont pris cette responsabilité en tenant compte des conséquences de cette décision ? c’est à eux seuls d’assumer cette responsabilité.
Troisième chose, c’est du point de vue personnel et éthique. 40 années de combats politiques pour la démocratie, homme politique expérimenté professeur de droit, le professeur Alpha Condé a le choix à faire sur quel angle il va rentrer dans l’histoire de son pays et celui du continent africain. Être le champion ou le garant de l’alternance démocratique Pacifique au pouvoir si c’est ça qu’il estime être la meilleure récompense ou la revendication la plus tangible de 40 années de combats politiques ou bien, c’est d’aller à un nouveau mandat présidentiel ? Ma responsabilité est de présenter au peuple de Guinée, les situations dans la transparence et dans la sérénité pour que chaque guinéen accepte d’assumer son destin de manière pacifique et responsable. Parce qu’au lendemain des élections du 18 octobre, c’est une nouvelle page qui s’ouvre pour la Guinée. Est-ce que les guinéens vont accepter d’opter pour la continuité pour l’alternance démocratique ?
La dernière chose que je vais vous dire en tant que responsable d’une organisation de la société civile, notre souci et notre combat aujourd’hui, c’est de permettre que l’alternance démocratique s’obtienne dans les urnes. C’est cela que la démocratie exige. Mais il faut garantir des élections équitables, transparentes et intègres pour que les forces de sécurité jouent la neutralité et se comportent de manière républicaine et cessent de réprimer les manifestations et les activités politiques de l’opposition. Parce que sans opposition il n’y a pas de démocratie.
Dernière chose, l’administration qui est à majorité essentiellement aux services du parti au pouvoir doit comprendre qu’ils sont payés sur la base de l’argent du contribuable guinéen, ils doivent se comporter de manière impartiale et neutre dans ce processus électoral pour permettre aux citoyens de choisir l’homme qu’il leur faut et de prendre des décisions qui s’imposent en toute indépendance et sérénité.
Et l’autre message, je l’adresse à la commission électorale, qui n’est pas composée de Burkinabé ni de français, elle est composée de guinéens et ces guinéens sont tous des majeurs, ils jouissent tous de leurs facultés au complet. Leurs capacités d’arbitrer en toute indépendance, responsabilité et en toute équité dans cette compétition électorale, c’est la seule garantie qui puisse permettre au peuple de Guinée d’assumer son choix. Est-ce que le peuple est favorable à la continuité au vu du bilan ou du contexte ? Ou le peuple sera favorable à une alternance démocratique au pouvoir en confiant les destinées du pays à une autre personne ? Pour que ça soit garantie, la commission électorale doit se comporter de manière impartiale neutre, professionnelle et soit capable d’organiser des élections à la base d’un fichier débarrassé de tous doublons, un fichier équitable et intègre et de dérouler les élections conformément à la loi et de dire ce qui s’est passé dans les urnes.
Nous nous battrons avec tous les moyens qu’on dispose pour que la Guinée puisse aller vers une alternance démocratique pacifique.
Dr Dansa Kourouma, président du CNOSCG