Nos concitoyens handicapés doivent aussi trouver leur place au sein de notre société

Le déguerpissement manu militari des personnes handicapées opéré ce lundi 26 avril 2021, sous le pont 8 novembre à Conakry, heurte de plein fouet notre conscience et nous interpelle sur la place réservée au respect de la dignité de la personne humaine dans la société guinéenne.

En effet, plusieurs agents de sécurité ont débarqué sur les lieux sans prévenir, brutalisant, invectivant, incendiant les habitations de fortune se trouvant sur place avant d’abandonner les personnes déguerpies à leur propre sort, sans assistance ni mesures d’accompagnement.

Bon nombre d’entre eux ont vu consumer par les flammes tout ce qu’il leur restait de souvenirs et d’objets personnels. Quelques jours plus tôt, des images des forces de l’ordre tirant du gaz lacrymogène sur des personnes handicapées et agressant physiquement certaines d’entre elles ont créé l’émoi sur les réseaux sociaux.

Ces violences psychologiques, parfois physiques, commises sur des personnes porteuses de handicap, sont constitutives de traitements inhumains et dégradants. Ces traitements sont prohibés par la Convention des Nations Unies relatives aux droits des personnes handicapées que la Guinée a ratifiée le 8 février 2008.

L’on se demande ce qu’aurait pu couter aux autorités guinéennes d’organiser cette opération selon des méthodes et des conditions respectueuses de leur dignité intrinsèque d’êtres humains, mais aussi et surtout, soucieuses de la vulnérabilité tirée de leur handicap et des droits qui s’y rattachent.

C’était manifestement trop leur demander. Comme à l’accoutumée, c’est le langage de la force qui a prévalu au mépris des obligations nationales et internationales contractées par la Guinée.

Plutôt que de s’atteler à diminuer les conditions de vulnérabilité dans lesquelles sont placées les personnes handicapées, les autorités guinéennes les aggravent par de tels agissements et brillent par l’absence de politiques publiques assurant une prise en charge sociale et médicale respectueuse de leur dignité.

Au-delà de cette opération de déguerpissement, il s’agit d’inscrire au cœur du débat public la question du handicap qui y est absente en évitant d’y apporter des réponses précaires, archaïques et parfois deshumanisantes comme l’indiquait le Président Cellou Dalein Diallo dans son discours d’ouverture de campagne.

Nos concitoyens handicapés doivent aussi trouver toute leur place au sein de notre société et cela passera, en partie, par des soins et programmes adaptés aux différents handicaps et par le respect des dispositions issues de la Convention des Nations Unies relative aux personnes handicapées de 2006.

 Nadia Nahman

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