Tribune : Que l’espoir ne meurt ! (Souleymane Keita)

Le choc au petit matin du Dimanche, 05 septembre 2021, a plongé l’ancienne Mouvance présidentielle et surtout notre Parti, le RPG Arc-En-Ciel, dans un profond malaise, tant le choc a été brutal et inattendu.

En effet, malgré le dur labeur ayant permis de tenir le gouvernail jusqu’à ce Dimanche qui restera gravé dans la mémoire collective de notre patrimoine commun, le système s’est confronté à lui-même et s’est détruit tout seul.

Plus de 10 ans de gestion à la tête n’ont permis de ´´redresser’’ la situation socio-économique de notre pays, et ce, malgré la volonté et l’engagement du Professeur Alpha CONDE et le soutien populaire impulsé par la conviction et l’esprit du sacrifice ayant toujours caractérisé les militants du RPG.

Chacun dans sa posture a, dès les premières heures du push, réagi à cet évènement inédit dans l’histoire politique de notre pays, premier du genre depuis notre accession à la souveraineté internationale.

Les scènes de joie qui ont éclaté dans les coins de la capitale et l’inertie hypnotique du Parti ‘présidentiel´ le jour de la prise du pouvoir par l’armée en disent long sur l’état de crispation de la situation sociopolitique dans notre pays.

Pourtant, dans les faits, des avancées significatives ont été enregistrées sous le leadership du Président Alpha CONDE. Des réformes audacieuses ont été faites pour construire un véritable Etat répondant à un minimum de standard sous-régional. Des progrès dans maints domaines, notamment dans les secteurs énergétique, agricole, éducatif, sanitaire, d’infrastructures, d’hôtelleries, miniers…A cela s’ajoutent les méthodes de gestion innovante au sein de l’Administration publique.

La Guinée est d’ailleurs le seul pays de l’Afrique de l’Ouest à afficher un taux de croissance de 07% en 2021 et autour de 05% en 2022, ce, en dépit du contexte de crise économique mondiale aggravée par la crise sanitaire de coronavirus qui menace la race humaine depuis un bon moment. Avec ces réformes, la Guinée ambitionnait de doubler son produit intérieur brut (PIB) à l’horizon 2023.

Ce tableau peint contraste cependant avec des pratiques assez avilissantes devenues le modus operandi de notre gouvernance sous l’œil impuissant du parti surtout de sa composante jeune dont les multiples interpellations sont restées vaines, créant ainsi un sentiment de frustration et de mécontentement généralisé des militants et de l’opinion publique.

Sur le plan politique, la situation est presque restée la même depuis 2010, mis à part l’immersion sur la scène politique de fougueux jeunes affichant à priori un peu plus d’engagement patriotique et des activistes aussi. Pour le reste, c’est la même polarisation sur les communautés et la gestion gérontocratique de notre formation politique.

Pendant que les organes de la transition se mettent sereinement en place sous la roulette du Colonel Mamadi Doumbouya, nous nous remettons peu à peu de notre traumatisme bien que prévisible à plusieurs égards. Diverses tendances se délient dans les milieux de notre Parti.

Il serait important de faire la part des choses. Identifier les priorités et trouver la démarche qui sied au mieux en vue d’assurer la survie du Parti dont on parle à tort et à travers.

Tout d’abord, il faut assurer la continuité des activités politiques à travers un mécanisme efficient intégrant l’évolution du Parti au fil des années. Ce qui est la condition sine qua non pour régler la principale préoccupation des militants et responsables qui n’est autre que la libération du Professeur Alpha Condé.

Dans son isolement, l’homme du 17 Mai ne peut mieux attendre de nous en ce moment que de notre capacité à maintenir et agrandir ce pourquoi il a consacré toute sa vie : le RPG.

Cet énorme défi, nous devons le relever ensemble avec l’ensemble des militantes et militants, même si nous devons le faire sous un casting différent.

Il ne sert à rien aujourd’hui d’occulter le contexte de ce travail ardu, mais exaltant en raison du fait qu’il interpelle le rétablissement de notre honneur et dignité.

Nul besoin de rappeler ici que les valeurs d’intégrité, de patriotisme, du militantisme et du bénévolat, qui ont marqué le sceau de notre engagement politique se sont éloignées au fur et à mesure de la gestion du pouvoir.

Projet de société, vision de la Guinée, valeurs morales, etc. Tout y était presque. C’est ce qui explique d’ailleurs les échecs répétés de l’adversaire malgré les différents emballages dans lesquels il s’est mué une décennie durant. Drôlement, ces acteurs crient victoire aujourd’hui sous l’ombre du CNRD. Alors que la réalité est toute autre.

La question que nombre de guinéens se posent maintenant est : en reste-t-il encore quelque chose de ces nobles valeurs au sein du RPG Arc-En-Ciel?

Je dirai doublement Oui. Mais, il faut éviter l’amalgame dans le Parti au prisme de la sauvegarde d’un intérêt catégoriel.

La première démarche consiste maintenant à détacher le Parti de la gestion du pays sous les mandats de notre champion, le Professeur Alpha Condé. Je l’ai déjà rappelé les jours ayant suivi le putsch en ces termes : « le plaisir de gouverner doit être assujetti à la reddition des comptes.» Ainsi, le Parti doit assumer ses choix politiques forts qui sont en parfaite adéquation avec la Démocratie universelle. Les gouvernants doivent aussi se soumettre avec responsabilité à cet exercice s’il en était besoin pour les blanchir de tout soupçon de nature à entacher leur honneur et par extension celui du parti.

La deuxième démarche consiste à la refondation du Parti, mais en des séquences. Il faut s’adapter à la réalité du temps, c’est-à-dire, participer pleinement à la transition entant que 1ère force politique du pays, sur la base des études sur les élections dites « inclusives » à partir de 2010.

Clairement, nous avons aussi le choix entre un congrès anticipé et la mise en place d’une Direction provisoire.

Ce point est important. En effet, vu l’urgence, le Parti a besoin d’interlocuteurs fiables, crédibles, compétents et intègres pour faire le poids dans un landerneau politique vorace, mais porté sur une évolution irréversible de notre personnel politique. Le dialogue intergénérationnel sera au bout du compte plus facile et constructif.

Que tout le monde sorte des à priori ; chacun de nous doit s’évaluer et surtout qu’on sorte du mensonge et de la délation. Je rappelais souvent à mes interlocuteurs, il y’a des années, qu’il « faut éviter de perdre le pouvoir et le Parti » Malheureusement, nous avons perdu un, il nous faut nécessairement garder l’autre pour rebondir.

De l’autre, la transition politique en cours doit impérativement réussir pour le bien de chacun et de tous. Dans tous les cas, seul l’agenda du peuple doit prévaloir et tous les Partis devraient y souscrire. C’est en cela que le Président de la transition doit rester décisif et ferme: donner un contenu réel à l’expression refondation de l’Etat, mettre en place les bases irréversibles d’un État moderne.

En clair, la responsabilisation des jeunes a un sens étendu, car, bien qu’il s’agisse d’une tranche d’âge, mais c’est beaucoup plus une manière d’être et un état d’esprit. Le Parti doit s’y engager sans délai pour notre bien à tous.

J’en appelle à l’esprit du rassemblement de tous nos militants quelque soit le courant, mettre en berne nos ambitions et prétentions, c’est à ce prix que nous rebondirons.

Mes pensées au professeur ALPHA CONDE.

Dieu bénisse la Guinée !

Souleymane Keita

Facebook Comments
Tribune : Que l’espoir ne meurt ! (Souleymane Keita)