Secteur Minier : Pourquoi la majorité de la population vit pauvre dans l’abondance ?

Selon les lettres de politique de la RSE et du contenu local, la Guinée est dotée d’importantes ressources minières avec une superficie de 245,857 km2 et une population estimée à 12,6millions. Le pays abrite selon les estimations actuelles :

Plus d’un tiers (1/3) des réserves mondiales de bauxite (40milliards de tonnes avec une teneur en bauxite supérieure à 40%) ;
Les plus grands gisements inexploités de fer à forte teneur au monde,
Des réserves de Diamant de 30 à 40 millions de carats et
De nombreux minerais tels que le manganèse, le zinc, le cobalt, le nickel et l’uranium.

L’exploitation minière représente une part importante de l’économie guinéenne, générant plus de 80% des exportations, fournissant 20 à 25% des revenus de l’Etat et constituant une source de plus de 10.000 emplois directs. Il est ainsi établi que le secteur minier constitue un important moteur de croissance et de développement socio-économique pour la Guinée. C’est pourquoi, la nouvelle politique de planification basée sur la participation communautaire à travers des consultations, permet de répondre plus efficacement aux besoins des communautés en garantissant le respect des droits humains.

De nos jours, les sociétés minières font l’objet de beaucoup de spéculations en Guinée. Cela est dues à la faible connaissance et ou au manque d’appropriation des outils de gouvernance, et à la corruption endémique des acteurs du secteur profitant des lacunes des politiques de décentralisation et de déconcentration.

Les lettres de politique de la RSE et du Contenu Local, auraient permis l’obtention des résultats tangibles ; Combinées aux autres instruments de gouvernance, elles doivent garantir que les réformes entreprises pour le renforcement du cadre des investissements en République de Guinée pour une amélioration des conditions de vie des populations à la base.

Le contenu local est un outil déterminant pour prendre en considération l’avenir des populations locales et en particulier celles des régions minières de la Guinée. Il s’agit à la fois de soutenir la structuration de l’offre locale, une meilleure communication autour des entreprises, la formation, ainsi que les attentes et les compétences locales. Par ce biais les entreprises qui investissent sont sensibilisées à la planification du Développement de leur projet en maximisant à toutes les étapes les retombées économiques locales. Cette approche de gouvernance contribuera de façon significative à la valorisation des investissements et à la promotion d’un climat de paix sociale et de croissance endogène dans les régions minières en particulier.

Elargissant le champ au-delà de l’impact direct sur l’économie nationale, la politique de la RSE a comme principal objectif d’inciter les investisseurs miniers, les autorités au niveau national et local ainsi que les communautés des zones minières à mieux appréhender les principaux enjeux de développement impactés par l’exploitation minière.

Il sied également, de rajouter , l’existence du Fonds de Développement économique local des préfectures minières. Au-delà de la convention entre société minières en exploitation et les communautés comme stipulé dans l’article 130 du code minier en 2011 et amendé en 2013 à l’issue d’une large concertation avec le secteur privé, les partenaires au développement et d’autres secteurs, les réformes ont porté sur les aspects institutionnel, structurel, juridique et organisationnel du secteur minier.

Toutes les sociétés minières en exploitations sont assujetties au Fonds de Développement Economique Local (FODEL) à la fin de la première année de production et de commercialisation. A cet effet, conformément au code minier, cette contribution du titulaire d’un titre d’exploitation minière au développement local des collectivités où sont installées ces sociétés est fixée à :

0,5% du chiffre d’affaire réalisé sur le titre minier de la zone pour les substances minières de catégorie 1(bauxite et fer)
1% du chiffre d’affaire réalisé sur le titre minier pour les autres catégories de substances minières (or et diamant)
Ces contributions sont destinées à financer les projets de développement des infrastructures et équipements de base, le développement des services sociaux, l’amélioration du cadre de vie, la promotion de l’emploi local, le développement de l’économie locale, la réalisation des projets d’intercommunalité, le développement du capital humain.

A quoi ont servi les milliards que les sociétés minières ont injectés dans les comptes des collectivités locales ?
Depuis plusieurs années les sociétés minières sont assujetties à cela mais hélas ! Quel résultat tangible sur la vie des populations dans ces localités minières ?

Toutefois, ces outils nationaux de gouvernance sont méconnus ou très peu connus par les différentes parties prenantes, ce qui crée le plus souvent des situations de conflits d’intérêts, de fragilité, de révolte de défiance, de vandalisme, de soulèvement récurrent dans les localités minières, compromettant ainsi le processus dont les textes juridiques et réglementaires fixent les modalités de fonctionnement, les rôles et responsabilités de chaque partie.

Au lieu de travailler pour porter le contenu local auprès des citoyens, c’est de se servir de leurs biens en menant une vie ostentatoire.

Il faut absolument réorganiser le secteur minier guinéen pour ce faire je recommande :

L’audit organisationnel et institutionnel du Minières des mines et de la géologie
L’audit de la gestion des fonds FODEL et ANAFIC (15% minier)
La relecture des conventions et contrats miniers
La validation du référentiel nation de Compensation des populations impactées par les projets de Développement
L’application des lettres de politique de la RSE et du Contenu Local
L’examen et la revue du cadastre minier
L’opérationnalisation du laboratoire de géologie
La revue de la fiscalité du code minier
Le renforcement de la transparence et l’inspection de la qualité et du poids des minerais destinés à l’exportation
La professionnalisation de l’exploitation des minéraux de développement
Somme toute, les nouvelles autorités doivent inverser la tendance en faisant une gestion participative des ressources minières à l’avantage des populations guinéennes, dans ce beau pays auquel DIEU a gratifié toutes les richesses, nous ne devons pas être pauvres dans l’abondance. Oui pauvres dans l’abondance de nos ressources qui servent aux autres.

Quel contrat guinéen que le CNRD doit lever, inverser et infléchir. Cette situation n’est pas une fatalité c’est la faute à une élite qui s’est servi du pays et non le servir.

Les nouvelles autorités doivent faire face aux charges incompressibles de l’Etat , je vous réitère :

La rationalisation des services publics pour lutter contre le gaspillage lié au train de vie de l’Etat ;
La lutte vigoureuse et résolue contre la corruption et le détournement des deniers publics ;
L’interdiction formelle de la tenue des comptes bancaires hors du territoire national par l’ensemble des dirigeants des organes de la transition ;
Le rapatriement de l’argent volé au peuple par l’élite des gouvernements passés
La gestion optimale des ressources internes
La réprobation publique des crimes économique pour obtenir une garantie de non répétition.

Ibrahima SECK, Sociologue

Assistant Technique au Ministère des Mines et de la Géologie chargé du Contenu Local, de la RSE et la Compensation des Populations impactées par les projets de Développement

Tel : 628 55 34 77

Email : seckkono@yahoo.fr

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