Le pouvoir d’achat des guinéens est durement secoué par la montée en flèche des prix des produits de grande consommation, en ce début du mois saint de ramadan. Pour atténuer le panier de la ménagère, le gouvernement de transition après des tractations avec la chambre de commerce et de l’industrie, a pris des mesures notamment la baisse des frais douaniers, l’’interdiction de la réexportation des produits vivriers et la fixation de nouveaux tarifs des produits de première nécessité. Cependant, la prise de ces batteries de mesures n’a pas permis de baisser les prix sur le marché. Dans une interview accordée à votre site en ligne, l’économiste Mohamed Lamine Camara communément appelé MOLAC, propose la baisse de la TVA, taxe sur la valeur ajoutée au-delà des mesures déjà prises.
Convergencegn.com : Le gouvernement de transition à travers le ministère du commerce, de l’industrie et des PME, a pris une série de mesures pour faire baisser les prix des denrées sur le marché. Mais pour autant, les prix ne baissent pas, comment expliquez-vous cette situation ?
Mohamed Lamine Camara : Vous savez ce n’ai pas une question de grille tarifaire ou d’aller voir si les prix ont baissé ou pas. L’Etat je crois bien a oublié des paramètres. C’est bien que l’Etat baisse les taxes à l’importation et annonce l’interdiction de la réexportation des produits vivriers vers les pays voisins. Le refus de la réexportation permettra d’augmenter la quantité de la production à l’interne. Et quand la quantité est grande forcément les prix vont baisser surtout s’il n’y a pas assez de demandeurs. Mais ce que le gouvernement a oublié dans la première politique, ce qu’il a démunie les frais de douanes à un moment donner où un grand nombre d’opérateurs économiques avaient importé. Dans une telle situation, ce n’est pas les droits de douanes qu’il faut dimunier. Mais quel est le prélèvement fait sur les produits à l’interne, après le passage au niveau du cordon douanier, c’est la TVA (ndlr : taxe sur la valeur ajoutée). Par conséquent, c’est la TVA qu’il fallait aussi baisser, donc l’Etat devrait subventionner cette taxe et cela permettrait une baisse considérable des produits sur le marché.
Convergencegn.com : l’économie guinéenne est toujours confrontée aux effets de l’inflation, tout comme à l’échelle mondiale, comment se manifeste justement l’inflation en Guinée ?
Mohamed Lamine Camara : Vous savez la Guinée connait deux types d’inflations notamment l’inflation par la production et celle importée. Quand vous prenez l’inflation par la production, c’est le fait que la Guinée est un pays qui ne produit pas. Et quand vous ne produisez pas c’est ce que la quantité à l’interne est inférieur à la demande. Cela ravive les prix sur le marché. Il y a aussi l’inflation importée beaucoup plus courante en Guinée. Aujourd’hui, les pays qui produisent les denrées connaissent l’affluence de nombreux pays musulmans qui viennent acheter auprès d’eux, donc la demande est forte et la quantité existentielle pas assez suffisante. Donc les prix montent depuis l’endroit où vous achetez les produits. Par conséquent les commerçants qui achètent les produits à partir de l’étranger importent l’inflation qu’on constate sur le marché.
Convergencegn.com : vous êtes aussi acteur politique et président du parti ‘’Alliance des Démocrates Africains’’, quelle lecture faite vous de la transition en cours en Guinée ?
Mohamed Lamine Camara : Je demande aux nouvelles autorités de donner le chronogramme de la transition donc des élections. Cela fait plu de 7 mois qu’elles sont là. Je pense qu’il est grand temps de s’atteler à cette question pour l’apaisement et surtout les sanctions extérieures. Tant qu’il n’y a pas de chronogramme l’incertitude demeure et les operateurs économiques ne sont pas prêts à investir. Et quand ils n’investissent pas cela veut dire qu’il n’aura pas d’importations. Sinon même les devises vont monter sur le marché.
Convergencegn.com : les assises nationales voulues par le CNRD ont débuté. Votre réaction sur le déroulement de ces assises ?
Mohamed Lamine Camara : Moi je pense que l’Etat devrait d’abord commencer à faire une étude sociologique pour l’organisation des assises nationales, ce qui a manqué. Le slogan donné à ces assises, c’est-à-dire ‘’ vérité et pardon’’, ne respecte pas les escaliers. Il fallait commencer par la justice, c’est la justice qui fait sortir la vérité, et la vérité sera sanctionnée par le pardon. Donc, sur toute la ligne, il y a des imperfections a corrigé.