Si l’élaboration d’une nouvelle constitution est l’une des priorités du Conseil national de la transition(CNT) et le vote des lois pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel; le contrôle de l’action gouvernementale doit également être un élément essentiel des missions clés de l’institution en cette période de transition aux vues du volume important des ressources mobilisées et le nombre élevé des projets et programmes en cours de réalisation qui exige la participation de tous pour la réussite des objectifs économiques et sociaux au bénéfice des populations ; néanmoins, les centaines de contributions faites par les différents acteurs participants sur les thématiques proposées méritent toutes une attention particulière de la part des membres du CNT surtout celle relative à la limitation du nombre de partis politiques à trois dans notre pays avec l’espoir que cela peut contribuer significativement à moraliser le système politique et favoriser le développement en garantissant la paix sociale, le développement et la stabilité politique. Entamé il y a plus de deux semaines, le débat d’orientation constitutionnelle a pris fin le 31 Mai 2023.
Ce débat d’orientation constitutionnelle a donné l’opportunité aux guinéens lambda, aux experts et éminents constitutionnalistes d’ici et d’ailleurs, aux instituions et acteurs de l’exécutif Guinéen ainsi que les acteurs de la société civile intéressés par la gestion de la chose publique d’apporter leur contribution sur les différentes thématiques qui touchent les préoccupations du peuple de guinée. Désormais, cela ne fait aucun doute que le CNT soit déterminé à mettre en œuvre les objectifs politiques de la transition pour un retour à l’ordre constitutionnel dans notre pays en proposant un avant-projet de constitution dans les délais requis.
Cette innovation est salutaire car elle a permis une forte participation citoyenne à cet exercice pour une contribution efficace de toutes les composantes de la nation en vue de produire une nouvelle constitution qui est sensée renforcer les institutions pour une stabilité politique et sociale indispensable pour le décollage économique et le développement. Il faut saluer le Président du CNT et l’ensemble des acteurs concernés pour cette initiative qui était une première dans notre pays aux vues de la qualité et du nombre important des propositions faites de façon libre et consciencieuse.
Le CNT peut désormais se prévaloir d’être suffisamment en mesure de proposer au peuple de Guinée une constitution consensuelle qui prend en compte les forces/faiblesses des précédentes qui font l’objet de critiques dans le débat public.
Certes, une frange non négligeable d’acteurs n’a pas accepté de participer à cet exercice, mais force est de reconnaître que parmi les centaines de propositions faites par l’ensemble des parties prenantes, nous avons bon espoir que tous les guinéens, de quelques bords que ce soit, trouverons leur compte dans cette nouvelle loi fondamentale. Vivement, les honorables doivent jouer comme d’habitude, la carte du rassemblement, poser des actes forts au profit des populations Guinéennes. C’est ce qui est attendu du Président du CNT et l’ensemble des membres de l’institution car les messages de tous, participants et non participants au débat citoyen sont compris.
Les acteurs ayant pris part à cet exercice et ceux qui ont préféré s’abstenir doivent trouver au Président du CNT et à l’institution qu’il dirige, un homme capable, mature, politique, intègre et déterminé à agir rien qu’au bénéfice du peuple de Guinée. Désormais, les yeux sont tournés vers les constitutionnalistes et experts de hauts rang qui bénéficieront de la confiance du CNT pour donner à notre pays une nouvelle constitution qui répondra aux attentes des guinéens par le nombre et la qualité des propositions faites par les guinéens de l’intérieur et de l’extérieur et experts indépendants tous animés par un seul souci : le bonheur et la prospérité de ce pays dans la paix et la stabilité.
L’esprit républicain qui sous-tend cette décision prise par le Président du CNT doit toujours perdurer et c’est la guinée qui au final gagne. Vous avez su privilégier l’intérêt national de ce pays en lieu et place des intérêts égoïstes et partisans. C’est tout à l’honneur de l’institution que vous présidez avec sérieux et méthode.
Nous vous invitons vivement, Monsieur le Président du CNT, de maintenir cet esprit de cohésion, d’inclusion et défendre l’intérêt général qui caractérise vos actions depuis le début des activités de l’organe législatif de la transition il y a plus d’un an.
Certes, les guinéens attendent de votre prestigieuse institution qu’elle vote les lois pendant cette période de transition ; mais demandent également, humblement auprès de vous que vous renforcez davantage le contrôle de l’action gouvernementale. Contrairement aux Gouvernements précédents, beaucoup de chantiers sont en cours d’exécution sur l’ensemble du territoire national dont l’exécution ne fait l’objet d’aucun doute.
D’autres sont encore annoncées par les nouvelles autorités qui effectivement connaîtrons un début de lancement souvent avec des courtes périodes de réalisation ; ce qui est une première dans l’histoire économique de notre pays en matière de gestion des finances publiques où la notion de service fait n’est plus un vain mot en matière financière. Ces chantiers doivent impacter positivement la vie aussi bien des ruraux et citadins de notre pays.
On a vu, par le passé, dans ce pays, des établissements scolaires et universitaires, des infrastructures routières et sanitaires, des investissements dans le domaine agricole réalisées à hauteur de plusieurs centaines voire de milliards de GNF, qui n’ont tenu que le temps de la réception du fait du non-respect des cahiers de charges et de l’utilisation peu orthodoxe des ressources publiques.
Ce qui a fait payer une lourde tribu à l’ensemble des contribuables guinéens et ce durant plusieurs années. Nous sommes convaincus, que vous partagez l’idée selon laquelle, contrôler l’action gouvernementale c’est :
• Certes Examiner les projets de lois et voter mais
• Se rendre sur le terrain pour s’assurer que ce qui a été annoncé dans les projets/programmes a été qualitativement réalisé au profit des populations bénéficiaires avec un accent particulier sur les projets/programmes d’éducation, d’agriculture, de santé et d’infrastructures routières et
• Certifier la réalisation des projets/programmes exécutés en termes de budget, de délais et de la bonne qualité des livrables conformément aux cahiers des charges.
Ce soutien à l’exécutif sera déterminant dans la mise en œuvre des projets/programmes que vous avez bien voulu voter les budgets présentés par l’exécutif en faveur des populations. Ce serait trop demander à votre dynamique institution en cette période de transition des enquêtes parlementaires hautement appréciées des populations mais très coûteuses pour le contribuable et aux vues du sérieux qui caractérise les exécutions des projets en cette période de rareté de ressources, mais vivement, il est recommandé que votre institution puisse régulièrement envoyer ses émissaires dans les quatre régions de notre pays pour s’assurer de l’exécution des projets/programmes en cours de réalisation.
Poursuivre cette dynamique, ce serait contribuer activement à tenir un langage de vérité mais aussi accompagner dans sa phase la plus complexe la mise en œuvre du programme de la refondation de notre pays.
Pour l’enracinement de notre jeune démocratie à fort clivage ethnique marqué, la proposition relative à la limitation des partis politiques à trois dans notre pays doit être étudiée avec beaucoup plus d’attention car si cette idée prospère, cela aura plusieurs avantages sur le plan économique, social et politique dont entre autres :
• La réduction du financement occulte des partis politiques ;
• L’amélioration du contenu des programmes économiques à fort contenu social des partis politiques ;
• La réduction de l’achat des consciences des électeurs en périodes électorales ;
• Le renforcement de l’exigence des guinéens vis-à-vis des politiques par rapport à la satisfaction des services sociaux de base ;
• De rendre impossible l’utilisation de la fibre ethnique et communautariste pour conquérir, gérer et se maintenir au pouvoir ;
• Encourager l’émergence des cadres patriotes et compétents et à bonne moralité soucieux du devenir de ce pays à s’intéresser à la gestion de la chose politique pour une gouvernance plus vertueuse de nos institutions ;
• Rehausser le niveau du débat politique qui sera concentré désormais essentiellement sur la résolution des problèmes économiques, sociaux, culturels et institutionnels qui assaillent notre pays contrairement au contenu des discours tenus aujourd’hui et qui perdure depuis plus d’une dizaine d’années ;
• Les discours à caractère communautaire qui dominent le débat public vont disparaître dans le langage des politiques au profit de programmes sérieux avec la présentation des objectifs précis, l’utilisation des instruments et outils qui tiennent la route pour l’atteinte des résultats attendus objectivement vérifiables par tous grâce à des indicateurs précis ;
• Favoriser la succession et le renouvellement de la classe politique avec douceur par l’immersion des jeunes formés à la gestion publique sur la base des critères objectifs et acceptés de tous ;
• Faciliter le financement public des partis politiques et éliminer la notion de propriétaire de parti ou de chef d’entreprise qui caractérise la gestion de la majorité des formations politiques ;
• Favoriser les capacités des nouvelles institutions à réaliser avec efficacité et efficience leur mission qui seront désormais animées par une élite compétente, intègre, de bonne moralité et patriote qui maîtrise les principes et techniques de la gestion publiques ainsi que les rouages de l’administration publique.
Certes, votre mission exige de vous l’examen et le vote des projets de lois ; mais le contrôle de l’action gouvernementale est une obligation au bénéfice des populations en se rendant sur le terrain ; s’assurer que ce qui a été annoncé dans les projets de budget a été qualitativement réalisé au profit des populations à travers les missions continues des émissaires dans les quatre régions du pays pour s’assurer de l’exécution effective des projets/programmes.
Aux vues des charges importantes et de la rareté des ressources, l’initiation des enquêtes parlementaires certes appréciées des contribuables mais très couteuses peuvent être abandonnées.
Vos résultats en matière budgétaire(invite continue des membres de l’exécutif pour défendre leur programmes, demande de clarification sur l’ensemble des questions budgétaires, accès facile du public à l’information budgétaire etc.) prouve à suffisance que votre institution n’est pas une caisse de résonnance du Gouvernement, mais heureusement, nous sommes heureux de constater aussi que vous n’êtes pas non plus une institution de blocage des initiatives gouvernementales si elles vont dans le sens de la satisfaction des demandes légitimes des populations.
Certes, l’intérêt national est la finalité de vos actions, nous affirmons que la tâche ne sera pas de tout repos pour votre institution, mais connaissant votre caractère et le degré de patriotisme qui vous anime, elle reste cependant du domaine du possible pour le bonheur du peuple de Guinée que vous défendez les intérêts avec fierté car comme l’a bien dit monsieur le Président du CNT je cite : « cette constitution doit nous rassembler, nous ressembler et résister au temps ».
Conakry, le 08/06/2023
Mamady CONDE/ Economiste/Administrateur de Cabinet/628 10 63 05