Invité de l’émission « En tête-à-tête » de la chaîne de télévision France 24 ce mercredi 05 juin 2024, Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG a abordé l’actualité sociopolitique de la Guinée en transition militaire depuis septembre 2021, suite au coup d’état militaire renversant le régime Alpha Condé.
Eventualité d’un glissement de la transition
Sur cette question, Cellou Dalein se dit très déçu de ce qui se déssine notamment le non respect des engagements pris par la junte militaire pour rendre le pouvoir aux civils fin 2024.
« Pour le moment, la junte assume ce report et cette violation d’un engagement pris devant le peuple de Guinée, la CEDEAO et toute la communauté internationale. Malheureusement, les guinéens sont très déçus de cette décision assumée de ne pas respecter cet engagement de restituer le pouvoir aux civils à l’issue des élections inclusives et transparentes. Il y a une protestation des partis politiques, des forces vives de Guinée qui n’accepteront pas cette décision et qui sont déterminés à exiger le respect de cet engagement. Ni le Général Doumbouya, ni le premier ministre n’ont donné l’assurance que les élections auront lieu en 2025 », a-t-il déclaré.
Violation des droits humains, véritable déception !
Pour l’ancien premier ministre, on assiste à une véritable violation des droits de l’homme sous le CNRD, il explique.
« Nous pensons que même les violations flagrantes des droits de l’homme, on a eu une cinquantaine de jeunes qui ont été abattus à bout portant dans les rues alors que ceux-ci manifestaient, pour certains contre le délestage électrique, d’autres pour exiger le respect des dispositions de la Charte. On n’a pas senti de condamnation, d’exigence de justice auxquelles on était habitué il y a quelques années », a-t-il denoncé.
Sous le CNRD, la Guinée n’est pas loin d’une dictature, la liberté de la presse est malmenée !
La Guinée n’est pas loin d’une dictature, la liberté de presse est malmenée denonce le président de l’UFDG.
« La presse est complètement muselée, on a assisté il y a une semaine au retrait des agréments des principales radios et télévisions du pays par la junte sous prétexte qu’il y a un risque de sécurité nationale, on avait assisté à la coupure d’internet, au retrait de ses radios, des bouquets de diffusion, de force, sous prétexte que l’intégrité du territoire était menacée. Alors qu’il s’agissait de faire taire les voix dissonantes qui étaient très critiques pour la gouvernance de la junte et qui dénonçait la corruption et l’enrichissement effréné des dirigeants du pays. La Guinée n’est pas loin d’une dictature, la liberté de presse est malmenée », déplore Cellou Dalein Diallo.
L’occident menage le CNRD pour des raisons…
L’opposant en exil et sous le coup de poursuites judiciaires dans l’affaire Air-Guinée, ne comprend pas le soutien de l’occident à la junte face aux dérives dans sa gestion du pouvoir.
« On note que l’occident est moins porté aujourd’hui vers la promotion et la défense des libertés que les guerres d’influence et les intérêts économiques nationaux. Pendant longtemps un coup d’Etat était condamné, la coopération économique était réduite à son minimum lorsque qu’elle n’était pas suspendue jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Ce n’est plus le cas aujourd’hui (…) On considère que l’occident ménage la junte pour des raisons qu’on n’arrive pas à expliquer. L’occident condamne moins les mauvaises pratiques. On ne sent pas un attachement comme ce fut par le passé, au respect de certaines valeurs qui lui ont été très chères », a martelé Cellou Dalein Diallo.
L’ancien premier ministre en tournée européenne pour remobiliser ses militants dans la perspective de l’organisation du congrès du parti d’ici la fin de l’année, assure que les forces vives s’opposeront à toute confiscation du pouvoir par le Général Mamadi Doumbouya.
Bhoye Diallo