L’ancien Ministre de l’Économie et des Finances, M. Moussa Cissé, et le Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), M. Karamo Kaba ont récemment été critiqués sur les réseaux sociaux, où des accusations de détournement de fonds et de fabrication de faux billets ont été formulées à leur encontre.
Ces deux hauts fonctionnaires dont il s’agit ont dirigé la politique économique et monétaire du pays dans un contexte national et international complexe. Leurs actions ont été saluées pour avoir contribué à la réduction de l’endettement et à la sortie de la Guinée de la catégorie de pays pauvres pour être un pays à revenu intermédiaire.
De plus, avant l’explosion du dépôt pétrolier, les indicateurs macroéconomiques du pays étaient au vert. Sous leur direction, l’économie guinéenne a relevé plusieurs défis, renforçant ainsi sa résilience et sa compétitivité.
Cependant, les critiques à leur égard se sont intensifiées, notamment en ce qui concerne des accusations de malversations et de détournement.
À cet égard, la BCRG a publié en 2022 un avis à manifestation d’intérêt pour l’impression de billets de banque, accompagné de termes de référence. Il est préoccupant de voir des accusations insinuant qu’un appel à manifestation d’intérêt public pourrait être associé à des contrats cachés ou à la fabrication de faux billets. De telles allégations, si elles sont infondées, peuvent nuire à la réputation des personnes impliquées et remettre en question les procédures transparentes que doit suivre une banque centrale dont c’est la mission fondamentale. Ainsi, il est crucial d’aborder ces accusations avec sérieux et de demander des preuves tangibles avant de tirer des conclusions.
Par ailleurs, l’impression de billets de banque est une activité courante pour une institution monétaire. Pour qu’un billet soit valide, il doit porter la signature du Ministre des Finances et du Gouverneur de la Banque Centrale. Ceci est un standard dans de nombreux pays. Les billets émis avant 2022 affichent les signatures et les fonctions de Mme Malado Kaba, M. Mamadi Camara et M. Lounseny Nabé, qui ont respectivement occupé les fonctions de Ministres des Finances et de Gouverneur de la BCRG.
En ce qui concerne la question de la maison ou de l’appartement à 3 millions d’euros que certains attribuent à M. Cissé, il est important de noter que pour ceux qui vivent en Occident, acquérir un bien immobilier requiert des justificatifs significatifs. Il est étonnant de constater que certains semblent méconnaître la valeur de l’argent lorsqu’ils évoquent de telles sommes.
Pour clarifier, vous vous demandez si M. Cissé possède un appartement en France ? Actuellement, grâce aux données publiques, il est donc possible de vérifier la propriété d’un bien immobilier en France. Il suffit de payer 12 euros et de remplir le formulaire sur servicepublic.fr, en adressant une demande de renseignements au Service de Publicité Foncière (Impôts) du lieu où se situe le bien.
D’autre part, en ce qui concerne M. Karamo Kaba, Gouverneur de la Banque Centrale, il est connu qu’il a acquis un appartement bien avant le 5 septembre 2021. Des recherches ont été effectuées à ce sujet.
En outre, ces deux cadres ont mobilisé 5000 milliards de GNF sur le marché guinéen, soit environ 500 millions de dollars, sans percevoir la moindre commission. Cette initiative, souvent saluée lorsqu’elle provient de pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, a également été critiquée chez nous, certains évoquant un « hold-up » des banques, simplement parce que cest fait par des guinéens. Il est important de reconnaître le mérite et les efforts des autres. Malheureusement, dans notre pays, il semble parfois que ceux qui réussissent soient souvent attaqués, plutôt que soutenus.
A l’instar du Bénin, du Tchad ou encore du Sénégal dans le cadre d’un repositionnement international, au lieu de pousser nos valeureux Moussa CISSE ou Karamo Kaba vers les présidences d’institutions internationales comme la BAD, en Guinée, on se plaît à les rabaisser et salir leur parcours élogieux.
En un temps record, M. Cissé a mis en place d’importantes réformes à la SONAP, incluant une étude organisationnelle, l’assainissement des finances, la redynamisation du secteur amont pour la recherche pétrolière, ainsi que le développement de partenariats stratégiques. Il a également assuré la continuité de l’approvisionnement du pays malgré l’absence de dépôt en raison de l’incendie survenu en décembre dernier. Par ailleurs, des efforts ont été consacrés à l’amélioration des conditions de travail par la rénovation du siège social.
Assumer des responsabilités entraîne des avantages et des privilèges, ce qui est courant et compréhensible. Les critiques formulées à l’encontre des deux hauts fonctionnaires proches du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, ne portent pas sur des accusations de détournement, mais plutôt sur un sentiment d’acharnement à leur égard.
En résumé, les récentes accusations portées contre MM. Moussa Cissé et Karamo Kaba soulèvent des questions importantes sur la transparence et la gouvernance en Guinée. Bien qu’il soit essentiel de garantir la responsabilité des fonctionnaires publics, il est tout aussi important de fonder les critiques sur des preuves solides et vérifiables. Les réformes entreprises par ces responsables, ainsi que les ressources mobilisées pour le développement économique du pays, méritent d’être reconnues dans le cadre d’un dialogue constructif.
Pour finir, il est impératif d’encourager un climat de soutien et de collaboration, plutôt que de division et d’acharnement. La Guinée a besoin d’unité et d’engagement de tous pour relever les défis de son développement.
Alpha Oumar Barry