L’année passée, les investisseurs ayant souscrit aux titres publics, émis par les pays de l’Union, sur le marché régional de la dette, ont montré une nette préférence pour des titres courte maturité. Cette situation a réduit le total des ressources levées sur ce marché par ces Etats en 2023, explique la BCEAO dans son rapport annuel.
En 2023, les Etats de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont continué de solliciter le marché financier régional de la dette pour financer leur déficit budgétaire. Les ressources mobilisées s’élèvent à 8746 milliards FCFA (14,87 milliards $) contre 8806,7 milliards FCFA à fin 2022, indique la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans son rapport annuel 2023 publié le lundi 23 septembre 2024.
« Ce repli s’explique notamment par la baisse des obligations du Trésor (-27,2 %), atténuée par l’augmentation des bons du Trésor (+105,8 %) », lit-on dans le document qui souligne une préférence des investisseurs, notamment des banques pour des titres de plus courte maturité.
Les Etats de l’UEMOA via leurs trésors publics ont mobilisé 3613,6 milliards FCFA sur le compartiment des bons du trésor. Ce montant représente 41,3 % des ressources levées sur le marché financier régional. Il est nettement supérieur aux 1755,8 milliards obtenus au cours de la même période en 2022.
Il traduit ainsi le fort intérêt des investisseurs pour des instruments de court terme, avec des maturités oscillant généralement entre 13 et 52 semaines. Le rapport précise à cet effet : « les émissions de 12 mois de maturité ont été les plus sollicitées, avec une valeur globale de 1624,7 milliards FCFA, soit 45,0 % des bons émis sur la période ».
L’appétit des banques souscripteurs de ces titres de plus courte maturité s’expliquerait par leurs contraintes de liquidité. Pour les Etats de l’UEMOA, émetteurs de ces bons du trésor, les fonds levés permettent généralement de faire face à des besoins ponctuels de trésorerie.
Sur le compartiment des obligations, les montants levés par les Etats de l’UEMOA sont passés de 7050,9 milliards FCFA en 2022 à 5132,4 milliards FCFA en 2023. « Cette baisse trouve son explication par une préférence pour des titres à plus courte échéance de remboursement », note le rapport qui ajoute : « la maturité la plus sollicitée a été celle sur 3 ans (53,5% du total), suivie des maturités 5 ans (19,6% du total), 7 ans (18,1% du total), 15 ans (5,0% du total), 10 ans (2,8% du total) et 2 ans (1,0% du total)».
Dans ce contexte, les conditions de financement sur le marché régional de la dette se sont globalement resserrées en 2023 par rapport à l’année précédente. Le coût moyen des ressources levées par les Etats membres s’est inscrit en hausse pour la plupart des maturités, tant sur le compartiment des bons que celui des obligations du Trésor.
Ces évolutions, selon la BCEAO, « sont principalement imputables aux tensions observées sur le marché des titres publics induites par le faible appétit des banques à l’acquisition d’effets souverains et par la normalisation progressive de la politique monétaire ». Ainsi, le taux de rendement moyen pondéré sur les bons a globalement progressé de 322 points de base en 2023. Au niveau des obligations, les taux de rendement ont également progressé sur plusieurs maturités.
Source : Ecofin