Guerre commerciale liée aux droits de douane : Donald Trump admet que l’Amérique risque de « souffrir »

Quelques heures après la confirmation d’une hausse des droits de douane pour les produits importés du Canada, de la Chine et du Mexique, le président américain a reconnu que la guerre commerciale sera sans doute douloureuse pour les Américains. Il a ouvert la porte à des discussions avec le Canada et le Mexique.

 

Donald Trump persiste et signe. Ses concitoyens risquent de « souffrir » par ricochet des lourds droits de douane qu’il a actés la veille, mais c’est selon lui le prix à payer pour un « nouvel âge d’or » aux États-Unis.

Dans des messages furieux postés sur son réseau Truth Social, le président américain a reconnu, dimanche 2 février, pour la première fois aussi clairement, que les consommateurs et les entreprises américaines pourraient être les victimes collatérales des taxes sur les produits importés depuis le Canada, le Mexique et la Chine.

« Ce sera le nouvel âge d’or pour les États-Unis ! Est-ce que cela va faire souffrir ? Oui, peut-être. Et peut-être pas. Mais nous allons rendre sa grandeur à l’Amérique et cela vaudra le prix qu’il faudra payer », a-t-il assuré, en lettres capitales.

Le républicain a aussi répété que le Canada serait mieux loti s’il devenait le « 51e État » américain, cela après que le pays voisin, comme le Mexique et la Chine, a promis de riposter.

Dimanche matin, le milliardaire de 78 ans, élu sur une promesse de faire baisser le coût de la vie, s’est rendu pour la deuxième journée consécutive dans son golf de Floride.

Fervent partisan des droits de douane, Donald Trump a toujours affirmé que leur impact serait supporté par les exportateurs étrangers sans être répercuté sur les consommateurs américains, contredisant l’avis de la quasi-totalité des experts.

Les mesures doivent entrer en vigueur mardi

Il a imposé samedi 25 % de droits de douane sur tous les produits provenant du Mexique, ainsi que du Canada, à l’exception des hydrocarbures venant du voisin du nord, désormais taxés à hauteur de 10 %.

Donald Trump a également ciblé la Chine en imposant 10 % de droits de douane, qui viennent s’ajouter sur ceux déjà existants sur un certain nombre de produits chinois.

Interrogé par la presse à son retour à Washington après un week-end en Floride, le président américain a assuré qu’il allait « discuter avec le Premier ministre Trudeau demain matin [lundi matin], je vais également parler avec le Mexique demain matin, je ne m’attends à rien de grave » de leur part. Il a également averti le Canada qu’il était prêt à aller plus loin dans les droits de douane si le pays du nord persistait dans les représailles qu’il compte imposer à partir de mardi.

Les mesures doivent entrer en vigueur à compter de mardi. Elles pourraient, selon les économistes, entraîner des hausses de prix et freiner l’activité de tous les pays concernés en perturbant les chaînes de production.

Les trois pays sont les principaux partenaires commerciaux des États-Unis et représentent au total plus de 40 % des importations du pays.

Le président américain affirme que son objectif est de forcer les trois pays à agir pour diminuer le trafic de fentanyl, un puissant opioïde, et dissuader les arrivées de migrants illégaux en ce qui concerne ses deux voisins.

Mais la Maison Blanche n’a pas fait de demandes réellement précises aux trois pays visés.

Donald Trump a de nouveau ciblé le Canada dans ses messages, estimant que les États-Unis « subventionnaient » leur voisin du nord, du fait du déficit commercial existant entre les deux pays.

Le déficit commercial des États-Unis vis-à-vis du Canada s’élève, uniquement pour les biens, à près de 55 milliards de dollars sur les onze premiers mois de 2024, selon le département américain du Commerce.

Mais le gouvernement canadien souligne qu’en y intégrant les services, largement excédentaires pour les États-Unis, la balance commerciale se rééquilibrait quasiment.

Proposition de dialogue du Mexique

Dans « un message au peuple mexicain » sur les réseaux sociaux, la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a déclaré dimanche attendre la réponse de Donald Trump à sa proposition de dialogue.

Dans cette vidéo, elle a promis de détailler lundi matin « les premières mesures » qu’elle entend prendre en réponse à la décision unilatérale du président américain. Elle avait annoncé samedi sans autre détail « des mesures tarifaires et non tarifaires en défense des intérêts du Mexique ».

« Le Mexique ne veut pas de confrontation », a assuré Claudia Sheinbaum, en rappelant sa devise : « coordination, oui, subordination, non ». « Ce n’est pas avec l’imposition des tarifs douaniers que l’on résout les problèmes », a insisté la présidente de gauche nationaliste, dont le pays est le premier partenaire commercial des États-Unis, destination de 83 % de ses exportations.

« Cela faisait 30 ans que cela [les tarifs douaniers] n’existait pas parce que nous avons un traité de libre-échange », a ajouté la présidente dans son message, en référence à ce traité qui unit le Canada, les États-Unis et le Mexique depuis sa première version en date du 1er janvier 1994. Le dernier traité a été signé par le président Trump lors de son premier mandat (2017-2021), a-t-elle souligné.

Dans son message, Claudia Sheinbaum a repris les éléments du communiqué cinglant qu’elle avait publié la veille en réponse à la décision de Donald Trump. Elle a qualifié d' »irresponsable » et de « calomnie » les accusations sans preuve lancées par le président américain selon lesquelles le gouvernement mexicain a des liens avec la « délinquance organisée » des cartels de la drogue.

« La souveraineté ne se négocie pas », a-t-elle déclaré en mettant en garde les États-Unis contre toute ingérence au Mexique.

Le Canada réplique immédiatement

De son côté, le Canada va imposer des droits de douane de 25 % sur certains produits américains pour un total de 155 milliards de dollars canadiens (102 milliards d’euros), notamment sur la bière, le vin, le bois d’œuvre et les appareils électroménagers, a annoncé le Premier ministre démissionnaire, Justin Trudeau.

Certaines provinces ont annoncé des droits de douane spécifiques, ciblant plus particulièrement les États dirigés par des républicains.

La Chine, quant à elle, a annoncé prendre des mesures « correspondantes pour protéger résolument » les « droits et intérêts » chinois.

Le Canada et les États-Unis sont théoriquement protégés par l’accord de libre-échange ACEUM, signé durant le premier mandat de Donald Trump, qui dispense leurs entreprises de droits de douane si elles appliquent les règles prévues par l’accord.

Pour Wendy Cutler, vice-présidente de l’Institut de politique publique Asia Society, les taxes « sont un signal clair que tous nos amis, voisins et partenaires sous traité de libre-échange, sont dans la ligne de mire ».

Vendredi, Donald Trump a répété que l’Union européenne serait bientôt concernée. Les Européens ont déjà promis de « riposter avec vigueur ».

Avec AFP

 

 

 

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