C’est un tournant clé qui vient d’être franchi dans la régulation du secteur minier guinéen et l’amélioration des conditions de vie des travailleurs dudit secteur, poumon de l’économie nationale. Et pour cause, après 30 ans, la Guinée a renouvelé la convention collective des mines, carrières, industries minières et assimilées.
La cérémonie de signature de cette nouvelle convention, qui traduit une nouvelle ère pour le secteur minier guinéen, a eu lieu ce vendredi 14 février 2025, au palais du peuple, en présence de Faya François Bourouno, Ministre du travail et de la fonction publique, des représentants de la Chambre des Mines de Guinée, l’Union patronale du secteur minier formel, des Chefs d’entreprise et du syndicat.
Une avancée majeure pour un secteur clé de l’économe guinéenne
Cette nouvelle convention d’ailleurs saluée par toutes les parties prenantes et fruit de longues tractations, en plus d’être adaptée au contexte socio-économique actuel du pays, marque une avancée majeure pour le secteur minier guinéen notamment en terme d’amélioration des conditions de travail et de vie des employés mais aussi la préservation des intérêts du gouvernement et des entreprises minières évoluant dans l’industrie extractive. Les avancées sont entre autres :
- La mise en place d’une grille salariale fixant un salaire de base minimum d’entrée.
- La prise en compte de la sous-traitance, avec un salaire minimum équivalant à 70 % du salaire de base des sociétés mères.
- L’amélioration de la prime de départ à la retraite.
- L’augmentation du nombre de jours de congé pour les événements sociaux.
- L’extension du champ d’application de la convention à tous les opérateurs du secteur minier et des carrières etc…
Le président de la Chambre des mines, a exprimé sa satisfaction quant à l’aboutissement de cette convention qui va renforcer les intérêts de toutes les parties prenantes.
« Nous avons la responsabilité commune de valoriser nos ressources minières en garantissant un modèle économique qui bénéficie à tous. Aujourd’hui, nous ne signons pas seulement une convention, nous lançons une dynamique nouvelle. La signature de cette convention collective ne constitue pas une simple formalité, mais le socle d’un nouveau contrat social qui place la dignité humaine et la solidarité au cœur de notre modèle économique. Nous ne nous sommes pas contentés de déterminer des niveaux de salaires minimums. Il faut dire qu’un travail de fond a été fait et les discussions profondes. Nous avons travaillé à assurer des conditions de travail dignes, équitables et protectrices. Un salaire ne doit pas seulement permettre de vivre, il doit être un levier d’épanouissement personnel et familial, un rempart contre la précarité et un vecteur de justice sociale », a déclaré Ismaël Nabé.
Les travailleurs au centre des préoccupations
Le représentant du mouvement syndical, Abdoulaye Camara, a salué cette avancée et loué les efforts des partenaires sociaux.
« La convention collective est une norme consacrée par le code du travail guinéen et la législation internationale du travail. C’est pourquoi, après la signature de la présente convention collective révisée, elle sera là référentielle dans le secteur auquel tous les secteurs sans exception seront soumis. Le mouvement syndical, s’engage sur la voie de l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et cela passe par une telle convention surtout un secteur clé et important de l’économie du pays », a-t-il martelé.
Poursuivant, Abdoulaye Camara a souligné aussi que ce nouveau cadre juridique vise à garantir un meilleur équilibre entre les droits des travailleurs et les intérêts des entreprises minières. Il s’agit notamment :
-Le respect des libertés syndicales, avec la protection des délégués syndicaux et la reconnaissance du droit de grève, encadré par des règles précises ;
-L’instauration de commissions paritaires pour régler les conflits entre employeurs et salariés, privilégiant le dialogue avant tout recours judiciaire ;
-L’amélioration des conditions de travail et des rémunérations, avec le principe « à travail égal, salaire égal », le paiement des heures supplémentaires et l’octroi de primes spécifiques ;
-Le renforcement des normes de sécurité et d’hygiène, obligeant les employeurs à fournir des équipements de protection individuelle et à mettre en place des comités dédiés à la prévention des risques ;
-Le développement de la formation professionnelle, avec une obligation pour les employeurs de contribuer à la montée en compétences des travailleurs ;
-La réglementation du départ à la retraite, avec la possibilité d’un départ anticipé sous certaines conditions et le versement d’une indemnité conventionnelle.
Le patronat s’assume et s’engage…
Le patronat guinéen avec à sa tête, Ansoumane Kaba, président de la Confédération générale des entreprises de Guinée (CGE-GUI), cette convention traduit la volonté de son institution d’œuvrer pour le bien être des travailleurs et préserver les intérêts de l’Etat et des employés.
« Nous de signer la convention du secteur des mines, fruit de 15 mois de dialogue social entre les acteurs concernés. Pour la (CGE-GUI), cette signature est une grande satisfaction car depuis toujours, nous avons placé le dialogue social au cœur de notre engagement aussi bien avec les pouvoirs publics qu’avec les partenaires. Cette convention en est une illustration concrète », a indiqué Ansoumane Kaba.
Pour sa part, le ministre Faya François Bourouno, a assuré que cette convention va améliorer les conditions de travail et garantir les droits fondamentaux des salariés.
« Cette convention symbolise un nouveau départ, une avancée majeure dans notre quête collective pour un travail décent, la prospérité partagée et le développement durable de la Guinée. C’est une victoire pour le dialogue social et la cohésion nationale. La signature de cette convention permettra non seulement la mise en place de normes protectrices pour les travailleurs et la promotion de l’innovation et de la compétitivité dans nos entreprises, notamment par l’adaptation aux enjeux environnementaux et technologiques qui sont des défis à relever de manière ambitieuse et responsable », a déclaré Faya François Bourouno.
A rappeler que, la dernière version de ce texte fondateur remontait à 1995. De cette date à nos jours, le secteur minier a enregistré des mutations importantes et l’arrivée de nouveaux investisseurs.
Bhoye Diallo