Les militaires au pouvoir en Guinée ont annoncé la suspension pour trois mois de 28 partis, dont le RPG du président renversé par un coup d’État en 2021. Et ce, alors que le général Mamadi Doumbouya a promis en janvier que 2025 serait une « année électorale cruciale ».
L’ex-président de la Guinée, Alpha Condé, renversé par le putsch de 2021, a dénoncé, samedi 15 mars, une volonté de la junte au pouvoir de « soumettre » l’opposition. La veille, la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya avait annoncé la suspension pour trois mois de 28 partis, parmi lesquels deux des principaux du pays : le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé, installé à l’étranger, et le parti de l’opposant en exil Sidya Touré, l’Union des forces républicaines (UFR).
Selon la junte, ces partis ont manqué à leurs obligations de fournir un compte bancaire ou de tenir un congrès au cours des trois derniers mois. Les militaires ont également prononcé la dissolution de 27 partis et mis sous observation quatre autres formations politiques, après avoir indiqué vouloir organiser des élections cette année.
Ils ont autorisé 75 partis à poursuivre leur activités politiques, de même que 24 autres formations – dont celle de l’opposant en exil Cellou Dalein Diallo –, mais sous réserve d’organiser un congrès au cours des 45 prochains jours. Ces décisions interviennent dans un climat tendu, marqué par la disparition de plusieurs opposants à la junte et une restriction sévère des libertés.
Référendum et élections
« La junte veut vous faire taire. Elle tente de vous imposer un choix qui n’est pas le votre : celui de la soumission et du renoncement », a écrit dans une publication sur les réseaux sociaux le président déchu, qualifiant la suspension et la dissolution des partis de « non-événement ».
Dans un communiqué publié vendredi 14 mars, les Forces vives de Guinée (FVG), un collectif regroupant les principaux partis d’opposition et des organisations de la société civile, ont également dénoncé une volonté de la junte « d’affaiblir, voire d’éliminer de la scène politique les partis les plus représentatifs du pays ». Les FVG disent « rejeter catégoriquement cette tentative de mise sous tutelle des partis politiques » et appellent tous les citoyens à « se mobiliser avec la plus grande combativité pour défendre leurs droits et libertés ».
La junte en Guinée s’était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder le pouvoir à des civils élus avant la fin de l’année 2024, promesse qu’elle n’a pas tenue. Le général Mamadi Doumbouya a promis dans ses vœux du Nouvel An que 2025 serait une « année électorale cruciale pour parachever le retour à l’ordre constitutionnel ».
Le 5 mars, le Premier ministre Amadou Oury Bah, a également affirmé qu’un référendum, ainsi que des élections présidentielle et législatives, se tiendront dans l’année pour un « retour effectif » à l’ordre constitutionnel, sans donner de calendrier.
(avec AFP)