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Réflexions sur la culture Guinéenne : « Culture comme facteur de croissance et réduction de la pauvreté »

Fap gaz

Avec la prise du pouvoir par le Conseil National du Rassemblement pour le Développement « CNRD », la Guinée ouvre une étape de son progrès historique. Le programme de changement annoncé est jalonné de défis majeurs, d’urgences et de priorités qui ne peuvent être relevés que par une nation unie, réconciliée avec elle-même, pleinement confiante en elle-même, en ses capacités de se prendre en charge pour conduire elle-même son propre destin. La culture doit être au cœur de cette renaissance.
Les défis du secteur culturel guinéen sont énormes et concernent notamment un manque criard d’infrastructures, d’équipements et une insuffisance de financements.

La question de l’inventaire, de la protection et de la valorisation de notre patrimoine dans toutes ses dimensions doit être au centre de notre politique culturelle. Le patrimoine culturel, trop souvent oublié ou négligé est et restera, en effet, le fondement de notre identité. Loin d’être une entité inerte qu’il faudrait aller sortir de la nuit des temps, pour le dépoussiérer, le patrimoine relève de notre héritage commun.

Il est surtout un ensemble qui se construit, s’enrichi jour après jour, de notre vécu, de notre histoire, du fruit de notre génie créateur. Ce qui s’est fait hier, ce qui s’est chanté ce matin, appartient déjà à notre patrimoine. On ne peut pas effacer le passé mais, on peut construire l’avenir.
Le patrimoine culturel est le legs sur le socle duquel se construit le présent et se projette le futur de toute nation.
Pour parler de notre passé récent, quel est le guinéen qui n’est pas fier des Ballets Africains de Guinée, première compagnie professionnelle de ballets de l’Afrique subsaharienne, née de l’imagination, de l’initiative et du génie de Fodéba Keïta ? Malgré son évolution et son caractère panafricain aussi bien par leur composition que par leur répertoire, les Ballets Africains appartiennent d’abord et avant tout à la créativité et au génie du patrimoine Guinéen.
Par ailleurs, au lendemain de l’indépendance, la politique culturelle mise en place par les autorités de l’époque, quelles que furent leurs motivations profondes par ailleurs, a donné naissance à des institutions pérennes, permis la création d’œuvres majeures qui ont conquis le monde, formé des femmes et des hommes dont la notoriété a dépassé largement les frontières du pays, et suscité l’émergence d’un public fervent et plus ou moins connaisseur. Même si cette action s’est limitée aux arts de la scène et a donné à voir des œuvres formatées dans leur contenu et leur esthétique, elle n’en a pas moins produit un patrimoine exceptionnel en quantité et en qualité. Un patrimoine certes dégradé et sclérosé mais, un patrimoine incontestablement exceptionnel.

C’est ce passé glorieux qui explique le fait que dans la mémoire collective des guinéens, des africains et du reste du monde, la Guinée, lorsqu’elle est perçue positivement, l’est avant tout et surtout comme un «PAYS DE CULTURE».
Comme l’a écrit un poète sénégalais, Monsieur Amadou Lamine SALL, lauréat des grands prix de l’Académie française …….:
« ………..la Guinée ne sera grande que par le respect de sa diversité culturelle. Dans la dure réalité du pouvoir, la rareté des fonds, le sacrifice dans les choix des premières priorités, gardez des places réservées et numérotées à vos écrivains, vos artistes, vos poètes. Si dans la marche de la Guinée, une lumière s’est souvent levée quelque part pour éclairer toujours la nuit, ce fut toujours la lumière de votre musique, de vos ballets, de vos poèmes. Si les ballets africains de Keïta Fodéba n’avaient pas existé et fasciné le monde, si l’orchestre Bembeya Jazz national n’avait pas existé et fasciné le monde, si le Foot Ball guinéen n’avait pas marqué l’histoire du Foot Ball africain, si Djibril Tamsir Niane n’avait pas révélé Soundiata Keïta à l’histoire du monde, qu’aurions-nous retenu de la Guinée ? En effet, c’est la culture qui commande et domine tout ».
La Culture est un facteur moteur de la croissance et de réduction de la pauvreté, car depuis plus d’une vingtaine d’années, on assiste à une transformation de la perception du rôle de la culture dans la sphère socio-économique dans tous les pays du monde. Les experts reconnaissent de plus en plus l’importance des interactions entre culture et développement. La culture est maintenant davantage perçue comme un moyen d’accéder au développement. En effet, elle devient de plus en plus, la matière première pour un ensemble d’activités dites « métiers de la culture » exercées par un pan significatif de la population. Il s’agit principalement des métiers liés aux industries culturelles (cinéma, musique, théâtre, danse, livre etc.…), à l’art et à l’artisanat d’art. Promus, ils peuvent s’avérer comme une importante source de création d’emplois et de richesse.

Même en l’absence de statistiques fiables, il est aisé aujourd’hui de constater la place prépondérante qu’occupent les industries culturelles, et plus particulièrement celles de la musique et de l’audiovisuel dans des pays comme le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria, le Congo RDC ou encore l’Egypte.
Imaginons, quels flux financiers et emplois génèrent les activités d’artistes comme Alpha Blondy, Tiken Jah Fakoly, Oumou Sangaré, Salif Keita, Youssou N’Dour pour se limiter à l’Afrique de l’Ouest francophone ?
Sait-on, par ailleurs, que l’industrie de l’audiovisuelle intervient pour une part plus importante que celle de l’aéronautique dans l’équilibre de la balance de paiements des USA ?
Pour toutes ces raisons, en Guinée, plus qu’ailleurs, toute volonté de rupture, toute politique de changement devrait inscrire le développement culturel parmi ses axes stratégiques prioritaires de développement et d’édification nationale. Car, il faut noter que dans l’histoire contemporaine récente, tout régime qui a voulu marquer une rupture véritable avec le passé, tout en assurant la continuité de la Nation, a toujours mis la culture, au sens large, au centre de ses préoccupations.
Après plus d’un siècle (de colonisation et d’indépendance) d’une vie nationale, tout ce qui s’entreprend aujourd’hui de sérieux et de durable dans notre pays relève nécessairement de l’ordre de la construction ou de la reconstruction. Nous savons par ailleurs qu’il n’est de construction et reconstruction durables qui vaillent qui ne prennent appui sur le patrimoine ; patrimoine lointain ou proche ; connu ou méconnu ; brillant ou obscur.
C’est pourquoi, sans sous-estimer ou négliger les autres aspects de la culture, dans le cadre de l’ambitieuse politique de changement prôné par le Chef de l’État, notre politique culturelle devrait prioritairement et de façon volontariste s’attaquer au patrimoine dans toutes ses dimensions. C’est le lieu de souligner ici qu’il ne faut surtout pas voir le patrimoine comme une entité inerte qu’il faudrait aller sortir de la nuit des temps, pour le dépoussiérer et le proposer aux nostalgiques d’un certain passé.

Le patrimoine est en effet la base de tout. Il englobe, le passé, le présent et l’avenir…
Le patrimoine relève de l’héritage. Il est le legs sur le socle duquel se construit le présent et se projette le futur. C’est lui qui structure l’identité nationale. C’est une identité nationale en laquelle toutes les composantes nationales se reconnaissent et à laquelle elles adhèrent librement et qui fortifie les citoyens et à travers eux, la nation, et les positionne dans le concert des nations.
Certes une partie du patrimoine remonte à « la nuit des temps », mais surtout, il est un ensemble qui se construit et se vivifie, jour après jour, de notre vécu, de notre histoire, du fruit de notre génie créateur. Ce qui s’est fait hier, ce qui s’est chanté ce matin, appartiennent déjà à notre patrimoine ; à la place que voudront bien leur accorder notre histoire et les générations qui nous suivront.
Le travail qui attend l’équipe gouvernementale est certes gigantesque, mais avec la volonté nous en sommes sûrs que le CNRD arrivera à obtenir de bons résultats. C’est pourquoi, nous faisons des propositions d’actions à entreprendre pour installer durablement une administration cultuelle guinéenne sans cesse performante.
I- DES INFRASTRUCURES CULTURELLES
Avec tout ce qu’il a été dans le rayonnement de la Guinée, le secteur de la Culture n’a bénéficié d’aucunes infrastructures dignes d’un pays de Culture pour favoriser la création, la production et la diffusion culturelles.
C’est pourquoi, le CNRD devra penser, pour marquer le changement prôné par le Chef de l’État dans ce secteur, réaliser des GRANDS PROJETS CULTURELS pour la Guinée.
Ce sont :
1- Un Palais des Arts et de la Culture
Bâtir un Complexe culturel pluridisciplinaire, qui sera un espace de création, de production et de diffusion artistique et culturelle.
2- Le Musée National de Guinée
Le musée est un espace de collecte, de conservation, de valorisation, de sauvegarde et de restauration des biens culturels. Il a besoin d’un espace plus grand pour mettre en œuvre sa mission.
3- La Bibliothèque Nationale

La bibliothèque nationale est l’institution responsable de l’acquisition et de la conservation d’exemplaires de toutes les publications éditées dans le pays et fonctionnant comme bibliothèque de dépôt. Pour mettre en œuvre sa mission, la bibliothèque a besoin d’un espace approprié. Elle est aussi un espace de recherche, surtout pour les élèves et étudiants.
4- Les Centres Culturels Régionaux
Comme le Palais de la Culture à Conakry, les Centres Culturels Régionaux sont des espaces de créations, de production et de diffusion culturelle à l’intérieur du pays. Ce sont des instruments de la décentralisation culturelle.
5- Les Bibliothèques Régionales
Comme la bibliothèque nationale, les bibliothèques régionales sont chargées de l’acquisition et de la conservation d’exemplaires de toutes les publications éditées dans le pays. Elles permettent aux élèves et étudiants et à toutes autres personnes de faire des recherches.
6- Les Musées Régionaux
Comme le musée national les musées régionaux sont des espaces de collecte, de conservation, de valorisation, de sauvegarde et de restauration des biens culturels dans les provinces.
Aussi, il faudrait progressivement créer les mêmes infrastructures dans les préfectures et communes.
En attendant la réalisation de toutes ces infrastructures, une démarche pourrait être entreprise auprès du gouvernement et de la présidence de la République pour la mise à disposition du Palais du Peuple au Ministère en charge de la Culture. A part les travaux du CNT, la plupart des activités qui s’y tiennent sont artistiques et culturelles. Mettre la gestion de cet édifice public au compte du Ministère en charge de la Culture sera salutaire et apprécié des artistes et hommes de culture.
II- DU PATRIMOINE CULTUREL
Faire un inventaire exhaustif du patrimoine matériel et immatériel sur l’ensemble du territoire national, mais également engager des investigations pour identifier les éléments qui pourraient être détenus à l’étranger par des institutions publiques ou privées.
En assurer, La restauration si besoin, l’archivage et la conservation par les technologies modernes de numérisation ; la promotion, la diffusion et surtout la vulgarisation, entre autres, par les médias, l’école, les expositions et les musées.
Au plan stratégique, il serait judicieux de conjuguer les actions souvent fastidieuses et obscures sur le long terme avec des actions plus médiatisées qui permettent de conquérir l’adhésion et l’implication des populations.
Devant toutes les urgences aussi légitimes les unes que les autres, il semble logique de privilégier dans un premier temps la collecte et la conservation des éléments les plus fragiles et périssables que sont les œuvres du patrimoine immatériel. Parmi ceux-ci, les traditions orales et la musique pour tenir compte de la spécificité guinéenne.

Les actions en direction des traditions orales
Sur la durée : faire la collecte et l’archivage des traditions orales sur l’ensemble du territoire national ; susciter, soutenir, encadrer des initiatives privées en la matière en veillant à ce que les préoccupations scientifiques soient rigoureusement respectées.
Sur le moyen terme : création d’un Centre National des Traditions Orales doté d’antennes régionales aptes à être mieux enracinées dans les réalités locales ; Sur le court terme : chaque année, retenir au moins un élément de ce patrimoine par région naturelle, qui fera l’objet d’un travail de vulgarisation tous azimuts : transcription, traduction, édition par le texte, le son, l’image et, éventuellement, le spectacle vivant.
Les actions en direction de la musique
Sur le court terme : collecter de manière systématique toutes les musiques de toutes natures qui ont été composées, interprétées ou non, diffusées ou non, durant toute la période de la 1ère République, jusqu’è nos jours.
En faire une édition sous forme d’anthologie en plusieurs volumes dont chaque sortie serait médiatisée à des dates symboles de la vie de notre nation.
L’intérêt d’une telle action est évident à plus d’un titre :
Il est mémoriel ; pour que toutes les générations apprennent ou se souviennent et assument ; Il est artistique ; car la qualité est indéniable aussi bien au plan du contenu, de la forme et, bien souvent de l’interprétation ;
Il est commercial ; ce genre de production discographique mémorielle est dans l’air du temps et reçoit en général un accueil enthousiaste sous réserve que les conditions de production et de commercialisation soient professionnelles. Il faudrait viser le format dit « collector ». Cela n’empêche pas de prévoir évidemment par ailleurs les formats à vocation locale et populaire.
III- DU RENFORCEMENT DES CAPACITES DES ACTEURS CULTURELS
La création du Ministère de la Culture et du Patrimoine Historique exprime clairement la volonté des plus hautes autorités de la République de doter notre pays d’instruments juridiques, institutionnels, techniques et humains capables de faire du secteur de la culture, un secteur porteur d’espoir, créateur d’emplois, producteur de biens et services et vecteur de développement.
La mise en œuvre d’un tel projet permettra donc au ministère de : – Rendre disponible les ressources humaines de qualité,

Renforcer la capacité des ressources humaines existantes,

Renforcer l’effectif du personnel,

Motiver le personnel,

Renforcer la capacité des agents dans le domaine de la gestion axée sur les résultats,

Renforcer la capacité des agents dans les domaines du patrimoine, des arts et des lettres,

Renforcer la capacité des associations culturelles.

Le projet pourrait démarrer par ceux-là qui seront chargés d’animer les services décentralisés du ministère en charge de la culture.
IV- DU FINANCEMENT DE L’ACTION CULTURELLE
Deux types de financements pourraient être utilisés :

Les financements par le budget national de développement

Ce budget national de développement prendra en compte le volet fonctionnement, le volet infrastructures, et l’accompagnement du secteur culturel public et privé par le Fonds de Développement des Arts et de la Culture (FODAC)

Le financement extérieur. Les partenaires bi et multi latéraux acceptent d’accompagner le gouvernement à travers le ministère de la culture pour le financement des infrastructures, du renforcement des capacités du secteur, de l’accompagnement des acteurs culturels etc.

Le mécénat. Des entreprises et des personnes physiques s’associent à des évènements culturels en apportant un soutien financier ou matériel. Le ministère pourrait renforcer le partenariat avec ces entreprises et personnes physiques en les incitant à investir dans le développement culturel national.
V- DES ARTS PLASTIQUES ET DU CINEMA
Le renforcement des acteurs culturels amène à développer les domaines de la culture.
Si aujourd’hui les arts de la scène ont connu une certaine avancée, il n’en est pas de même pour les arts plastiques et le cinéma.

Des pionniers que sont Sékou Oumar Barry (Et vint la Liberté), Moussa Kemoko Diakité (Naîtou) et d’autres cinéastes, font faire ses premiers pas à un jeune cinéma guinéen, qui, à cette période, sera surtout documentaire.
Dans leur grande majorité, les guinéens s’identifient encore par ces grandes figures emblématiques de leur culture.
Méconnu dans son propre pays, le cinéma guinéen est très présent dans les festivals en Afrique (Fespaco), en Europe et aux USA, notamment avec Gahité Fofana (Mathias, Un Matin Bonne Heure) à l’esthétique plus achevée, ou Mohamed Camara, plus provocateur, par ses thèmes sur la marginalité.
Une action d’urgence devra être entreprise par le Ministre de la Culture et du Patrimoine Historique pour tirer le cinéma et les arts plastiques vers le haut.
VI- DU LIVRE ET DE LA LECTURE PUBLIQUE
En 2017, Conakry a été nommée Capitale Mondiale du Livre par l’UNESCO. Cet évènement culturel majeur a permis aux professionnels de la chaine du livre que sont les écrivains, les éditeurs, les libraires, les imprimeurs et les lecteurs de mieux s’organiser. Aussi, quelques points de lectures ont été réalisés à cette occasion.
L’OIF, par le biais de la coopération culturelle, a réalisé quelques Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC).
Cet élan doit être renforcé par le ministère par la réalisation de plusieurs autres infrastructures liées au livre et à la lecture publique pour rapprocher des lecteurs (des points de lecture dans les quartiers et districts, des bibliothèques dans les communes et préfectures et des médiathèques dans les régions).
Après la réussite de l’organisation de « Conakry Capitale Mondiale du Livre en 2017», à l’image du Fespaco au Burkina Fasso, de la Biennale de la Photographie à Bamako, de la Biennale de l’Art Contemporain à Dakar, Conakry, devrait être la Capitale Africaine du Livre.
VII- DE LA REFLEXION PROSPECTIVE
Concomitamment à ces actions qui s’inscrivent au quotidien dans un projet gouvernemental, la Guinée doit engager une ambitieuse réflexion prospective pour dégager des perspectives et une vision à l’horizon des 25 ou 30 prochaines années.
C’est à cette échelle que la culture devient à la fois un enjeu et un levier de l’édification nationale. Le ministère en charge de la culture serait l’initiateur et le pilote d’une telle réflexion.
Dans une telle recherche, il faudra définitivement se départir des proclamations d’intention militantes des slogans à connotations idéologiques pour s’inscrire dans une démarche rigoureusement scientifique et rationnelle. Ceci devrait être prioritairement la tâche des universités, centres de recherche, des intellectuels, des mouvements associatifs, de la société civile et bien entendu des représentants de la population.
Toutes les dimensions de la vie nationale devront être prises en compte : Organisation sociale, éducation, religion, science, techniques, traditions, langues, arts, Etc…
On pourrait par exemple être attentif à la façon dont sont déclinées dans les différentes sensibilités nationales des valeurs comme le respect, la probité, la liberté, la tolérance, le vivre ensemble, l’acceptation de l’autre et des notions comme le rapport au pouvoir, au travail, à l’argent, au genre.
Mise en lumière de stéréotypes à combattre, de spécificités (les langues par exemple) à partager, de convergences à promouvoir dans le cadre d’un vaste dialogue national
Comment intégrer celles-ci dans une nouvelle construction qui constituerait le système de valeurs de la nouvelle nation guinéenne.
Tous les éléments constitutifs de cette nouvelle construction seraient alors promus, transmis par l’éducation familiale, scolaire et extrascolaire, les media, la sensibilisation tous azimuts, la création d’œuvres porteuses de valeurs de rassemblement.
Ceci pourrait être la mission noble, d’envergure nationale dont pourrait être investi le ministère en charge de la culture dans le cadre du changement et de la renaissance que nous appelons de tous nos vœux.
Pendant ce temps et à côté de cette ambitieuse et lourde entreprise autour du patrimoine, l’action gouvernementale devra se poursuivre avec des projets innovants destinés à restructurer et dynamiser le secteur au plan national, en même temps qu’à donner une meilleure visibilité à la Guinée à l’internationale.
Au titre des études :
Étude spécifique sur « la place de la culture dans l’économie guinéenne ; situation et perspectives »
Présence au sein des réseaux et structures internationales :

Adhésion aux institutions et structures promouvant la culture

– Être à jour des cotisations

Au titre de la législation et des institutions

Dépoussiérage, adaptation et activation de l’existant ;

Si nécessaire, réglementation et création de nouvelles institutions aptes à mieux définir le statut des divers opérateurs du secteur ; favoriser la mobilisation des ressources nécessaires au développement du secteur ; assurer une meilleure visibilité nationale et internationale à la culture guinéenne.

Au titre de la formation et de l’accroissement des capacités des opérateurs du secteur

Renforcer les structures de formations existantes ;

Implanter de nouvelles structures en veillant à ce que les 4 régions naturelles et culturelles soient pourvues ;

S’intégrer dans les réseaux de partenariats et d’échanges existants

Imaginer et mettre en œuvre des voies alternatives de formation, de perfectionnement et d’accroissement des capacités ;

A ce titre, se doter et utiliser au mieux les nouvelles technologies, notamment l’informatique ;

Au titre de l’évènementiel

Ériger la Festival National des Arts et de la Culture en un EPA et lui doter d’autonomie et des moyens nécessaires pour l’organisation de ses activités ;

Susciter des évènements trimestriels légers à vocation nationale ayant pour objectif d’affirmer la présence de la culture dans le paysage social du pays ;

Susciter des évènements annuels à vocation nationale et internationale ayant les objectifs les plus divers (renforcement du lien social, promotion des valeurs républicaines, action mémorielle, promotion de la pratique des arts) et dont l’implantation serait décentralisée ;

Susciter un grand évènement national dont l’objectif serait de sensibiliser le corps social en général et les mondes politiques et économiques en particulier à la mobilisation des ressources pour le développement culturel ;

Susciter un grand évènement à caractère international qui serait appelé à devenir l’évènement culturel emblématique de la Guinée.

VIII- DE LA DIVERSITE CULTURELLE
En octobre 2003, l’UNESCO s’engageait dans un processus devant conduire à proposer une Convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques.
Le but de cette démarche est d’établir un cadre juridique confirmant le droit pour les États et les gouvernements de soutenir la création, la production et la diffusion culturelles et artistiques.
Reconnu à l’échelle internationale, cet outil réglementaire permettra de maintenir et de promouvoir la variété des expressions culturelles à une époque de plus en plus marquée par la mondialisation.
La Convention sur la protection de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques établira officiellement que les productions et les biens culturels nécessitent un statut particulier, différent de celui des autres produits et services qui font l’objet d’une libéralisation progressive et d’échanges commerciaux plus soutenus.
La Convention conférera aux États et aux gouvernements le droit de se doter de politiques culturelles, afin que chaque créateur puisse continuer à créer comme personne d’autre.
La diversité culturelle constitue la réponse appropriée à l’aspiration des peuples à se développer dans un environnement où toutes les cultures peuvent s’épanouir. Un véritable dialogue des cultures contribue à la richesse de l’humanité.
Nous vivons une époque caractérisée par une rapide intégration des marchés et un développement accéléré des technologies de l’information. Ce phénomène de mondialisation transforme radicalement les économies, les modes de vie et les cultures.
Nous reconnaissons que les accords de libre-échange entraînent des effets positifs pour le commerce international, les économies émergentes, le niveau de vie de millions de gens, voire l’avancement de la démocratie. Mais ils entraînent de nouvelles préoccupations : justice sociale à l’échelle mondiale, protection de l’environnement global, érosion des cultures.
Nous savons maintenant que la mondialisation comporte des dangers réels pour la diversité culturelle. Les grands accords commerciaux tendent à remettre en question le soutien des gouvernements à l’égard des produits et services culturels. Cette dynamique menace, à terme, diverses formes d’expression, en particulier celles dont la diffusion repose sur les industries culturelles. Cela revient à privilégier les œuvres qui profitent des plus importants moyens de production, de distribution et de commercialisation.
Nous constatons que le déséquilibre qui en résulte défavorise les sociétés qui préservent leur identité et leur originalité grâce au soutien public aux artistes et aux entreprises culturelles.
Nous réaffirmons que les produits culturels ne sont pas des biens et des services comme les autres. Si rien n’est fait pour discipliner les forces du marché, il en résultera inévitablement une vulnérabilité accrue des expressions culturelles et une uniformisation de la culture à l’échelle mondiale.

La Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture « UNESCO », réunie à Paris du 3 au 21 octobre 2005 pour sa 33ème session, consciente que la diversité culturelle constitue un patrimoine commun de l’humanité et qu’elle devrait être célébrée et préservée au profit de tous, a adopté le 20 octobre 2005 la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles appelée « CONVENTION 2005 DE L’UNESCO ».
La Convention a été soumise à la ratification, à l’acceptation, à l’approbation ou à l’adhésion des États membres de l’Unesco, conformément à leurs procédures constitutionnelles respectives.
En République de Guinée, c’est en 2008 que l’Assemblée Nationale a ratifié la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Cela a été rendu possible grâce à l’implication de la Coalition Guinéenne pour la Diversité Culturelle « CGDC ».
La Coalition Guinéenne pour la Diversité Culturelle est une association apolitique, laïque et à but non lucratif ayant pour vocation la défense et la promotion de la diversité culturelle sur le plan national et international.
Le but de la Coalition Guinéenne pour la Diversité Culturelle est d’assoir un cadre organisationnel national des administrateurs, opérateurs et acteurs culturels de la Guinée dans les sections : de la musique, des arts visuels et vivants, de la cinématographie, de l’audiovisuel, de la cybernétique, des lettres, des festivals et manifestations culturelles, de l’éducation, des traditions, du patrimoine; afin de défendre en Guinée et partout ailleurs le principe selon lequel la diversité culturelle est un droit fondamental de l’humanité.
Les missions de la coalition se résument à l’information, la sensibilisation, la concertation, la formation et la mobilisation des membres, du public, notamment les leaders d’opinions et des pouvoirs publics sur les enjeux de la diversité culturelle et des négociations commerciales et la vulgarisation de la Convention 2005 de l’Unesco.
La Coalition Guinéenne pour la Diversité Culturelle est membre de la Fédération Internationale des Coalitions pour la Diversité Culturelle (FICDC).
Dans le cadre de la mise en œuvre de cette convention, l’État à travers le ministère en charge de la Culture doit :

Choisir un Point focal chargé du suivi de la mise en œuvre de la Convention,

Mettre en place un Comité de rédaction du Rapport de mise en œuvre de la Convention,

Assurer la formation des membres du Comité de rédaction du Rapport de mise en œuvre de la Convention.
Le Comité de rédaction du Rapport de mise en œuvre de la Convention sera composé des départements concernés dans la mise en œuvre de la Convention, des cadres du ministère en charge de la Culture et des membres de la Société civile culturelle.

IX- CONCLUSION
L’objet de la démarche est d’indiquer des pistes qui doivent faire l’objet de discussions, d’enrichissement dont devront sortir des objectifs à court, moyen et long terme ; lesquels se traduiront en des projets et programmes qui seront élaborés, hiérarchisés, les financements recherchés et l’exécution programmée.
Chaque étape de ce processus devrait être validée par les plus hautes autorités de l’État afin que le document final devienne tout naturellement une feuille de route qui s’impose à tous.
C’est aussi ma contribution pour faire de la Culture un secteur prioritaire dans notre pays.
J’espère de tout cœur que cette démarche et cette contribution permettront au secteur culturel guinéen d’avancer pour le grand bonheur de la communauté culturelle nationale. Nous nous tenons à votre entière disposition pour continuer la réflexion.
Mohamed Amirou CONTE,
Président de la Coalition Guinéenne pour la Diversité Culturelle
TéL. 00 224 625 315 940
conteamirou@hotmail.com

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